La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

La France vit-elle au-dessus de ses moyens ? En 2024, la dette française atteint plus de 3100 milliards d’euros, 110 % du PIB. Elle continue à croître, et est devenue en enjeu politique. Est-elle soutenable ? Comment en sortir ? Et par dessus tout, que signifient concrètement ces ordres de grandeurs abstraits ?

La France vit-elle au dessus de ses moyens ?

Un déficit structurel

Le budget de la France (comptes publics) est composé de trois parties : le budget de l’État, celui de la Sécurité sociale et celui des administrations publiques locales. En toute rigueur il faut y ajouter une quatrième composante, les organismes divers d’administration centrale (Météo France, le CNRS, le Commissariat à l’énergie atomique… etc.). Le total dépasse les 1600 Mds d’euros (684 pour le budget de l’État, 640 pour la sécu, 280 pour les collectivités locales).

Or, ces dépenses sont bien inférieures aux recettes perçues. On parle de déficit public. Le déficit public public est la différence entre les recettes et les dépenses des administrations publiques (État, collectivités locales, sécurité sociale), pour une année. En 2024, le déficit public français a atteint 5,1 % du PIB, soit 150 Mds d’euros. La France doit donc emprunter sur les marchés pour combler le déficit, ce qui creuse la dette.

Le problème est que ce déficit est structurel. Il se répète d’année en année, depuis les années 70 !

Par conséquent, la dette se creuse.

La soutenabilité de la dette : la France vit-elle au-dessus de ses moyens ?

Aujourd’hui, la dette française atteint 3160 Mds d’euros, soit 110,7 % du PIB. La France a besoin de s’endetter, non pour investir dans l’avenir, mais pour fonctionner au quotidien. La France vit-elle au-dessus de ses moyens ? Oui.

Le montant de la dette en elle-même ne pose pas problème. Par exemple, la dette du Japon atteint 220 % du PIB. Mais elle est largement détenue par des institutions japonaises.

En revanche, elle impose un certain nombre de contraintes.

Une contrainte budgétaire

Sur le plan budgétaire pour commencer. La charge de la dette est le montant du budget de l’État consacré à rembourser les emprunts. Ces fonds ne sont donc pas employables sur d’autres missions. Or, cette charge de la dette devrait augmenter de manière significative dans les années à venir. En 2024, la charge de la dette est d’environs 50 Mds d’euros. C’est déjà un budget de la défense d’il y a quelques années. Mais elle pourrait atteindre 74 Mds en 2027 !

La France a pu par le passé emprunter à des taux très bas, voire négatifs. Mais dès que les intérêts augmentent, la charge de la dette suit le mouvement, avec quelques années de retard.

Perte de liberté d’action politique

Au niveau politique ensuite, elle permet aux détenteurs du capital de faire pression sur les politiques menées. En effet, si la France a besoin d’emprunter, alors elle est dépendante envers les marchés, qui décident du taux auquel Paris s’endette. Or, les choix politiques hexagonaux vont peser sur les marchés. La perspective d’une victoire du Nouveau Front Populaire aux élections législatives de 2024 effrayait les marchés. Alors même que le déficit français hérité du Président Sarkozy avait commencé à se réduire sous François Hollande.

Dans Du temps acheté, Wolfgang Streeck note que la dette met les États dans la main des marchés. Elle limite de fait l’étendue des politiques envisageables, ce qui contribue à « stériliser » la démocratie.


Enfin, la dette met les États dans l’incertitude du lendemain. Les taux d’intérêt sont définis de manière complexe. Ils dépendent largement de facteurs psychologiques, non rationnels, et d’acteurs privés comme les agences de notation. Comme en 2022 – 2023, les conséquences d’une crise, par définition imprévue, peuvent obérer la capacité de l’État à s’endetter à taux bas. In fine, c’est la confiance dans la capacité d’un État à rembourser sa dette qui détermine le taux d’intérêt. S’il est visible que la confiance dans la dette française s’érode au fur et à mesure de la baisse de sa notation, les chocs majeurs demeurent difficilement identifiables.

Il apparaît donc souhaitable de réduire la dette, pour retrouver une liberté d’action budgétaire et politique.

Quelles solutions pour réduire la dette ?

La France vit donc au-dessus de ses moyens. La dette française pourrait perdre son caractère soutenable à plus ou moins brève échéance. L’état français possède cependant un certain nombre de leviers pour la réduire.

Réduire les dépenses publiques, la fausse bonne idée ?

Le premier, le plus évident, est la réduction des dépenses publiques. Si la France est obligée de s’endetter, c’est qu’elle dépense trop. Il suffirait de dépenser moins ! Toutefois, une réduction excessive de la dépense publique pourrait s’avérer contre-productive. En effet, la dépense publique possède un effet entraînant sur la création de richesse. À court terme, un effort d’investissement public crée une politique de l’offre. Les entreprises répondent aux commandes publiques, et créent des infrastructures ou produisent des services payés par l’argent public.

À plus long terme, les entreprises ont besoin d’employés bien formés, d’infrastructures publiques, de sécurité, de coups de pouce financiers aussi pour réussir. Réduire les dépenses au moyen d’une politique d’austérité pourrait avoir pour conséquence la chute de la richesse produite… et l’augmentation de la dette.

Est-il encore possible d’augmenter les impôts ?

Le deuxième, l’augmentation des impôts. Le taux d’imposition en France est déjà très élevé, d’autant qu’à un certain niveau les impôts sur les entreprises peuvent s’avérer contre-productifs en matière de création, et donc de captation de richesse. Il reste cependant des marges de manœuvre, notamment sur les ultrariches qui sont moins imposés que la classe moyenne (ou ce qu’il en reste, lire aussi Christophe Guilluy, No society. La classe moyenne a-t-elle disparu ?). Toutefois, même en mettant davantage les plus fortunés à contribution, les gains financiers devraient être symboliques tant la population concernée est réduite.

Dans l’absolu, si la fiscalité peut faire partie de la solution à la dette, elle ne saura la résorber seule. Pour rappel, le déficit public en 2024 est de 150 Mds d’euros. Pour le combler, il faudrait multiplier l’impôt sur le revenu ou la TVA par 2,5 !

Réduire la datte par la croissance

Le troisième levier est la croissance. Si la dette se mesure en points de PIB, alors il n’y a qu’à augmenter le PIB pour en réduire le poids, et générer davantage de ressources fiscales. Là encore, il existe plusieurs approches.

Tout d’abord, la relance par l’investissement public. L’État s’endette pour passer des commandes aux entreprises privées, qui croissent et vont à leur tour passer commande à leurs fournisseurs, embaucher… et in fine payer plus d’impôts ce qui permettra de réduire la dette. La dette crée de la croissance qui annule la dette. Un cercle vertueux, mais qui doit être initié par plus d’endettement.

Une autre approche est de favoriser les investissements étrangers tout en assouplissant le marché du travail, pour rendre l’hexagone plus attractif. L’objectif est de restaurer la confiance des détenteurs du capital, qui hésiteront moins à investir en France et à y créer de la richesse. Problème, cette approche se concrétise au détriment des plus démunis, qui sont par ailleurs les premières victimes de la réduction de la dépense publique.

Laisser filer l’inflation

Autre solution, laisser l’inflation augmenter pour diminuer mécaniquement la valeur de la dette. En effet, lorsque les prix montent, les revenus fiscaux augmentent grâce à des bases imposables plus élevées, tandis que la valeur des dettes contractées à taux fixe diminue en termes réels. Cela crée une opportunité pour les États de réduire leur ratio dette/PIB sans recourir à des politiques d’austérité drastiques. De plus, l’inflation favorise les emprunteurs au détriment des créanciers, redistribuant ainsi une partie de la richesse.

C’est ainsi que les dettes des deux guerres mondiales ont été épongées. De 1945 à 1975, de nombreux pays européens, confrontés à des niveaux élevés d’endettement, ont laissé l’inflation s’installer. En France, par exemple, l’inflation moyenne de cette période, combinée à une forte croissance économique, a permis de réduire considérablement la charge réelle de la dette publique. Ce « désendettement par l’inflation » s’est avéré efficace sans nécessiter de mesures d’austérité sévères.

Cependant, cette stratégie n’est pas sans risque. Une inflation incontrôlée peut entraîner une perte de pouvoir d’achat pour les ménages, surtout pour les plus modestes. De plus, elle peut miner la confiance des investisseurs. Cela peut entraîner une hausse des taux d’intérêt et ainsi rendre les emprunts futurs plus coûteux.

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À la question La France vit-elle au-dessus de ses moyens ?, force est de répondre par l’affirmative. Les dépenses sont structurellement supérieures aux recettes. L’endettement donne l’illusion que cet écart est indolore. Mais le prix de cette illusion est la réduction de la liberté d’action politique.

Des solutions existent pourtant, mais il n’est pas impossible que dans un avenir plus ou moins proche la sortie de l’illusion soit brutale.

Lire aussi La théorie des ordres selon André Comte-Sponville dans « Le capitalisme est-il moral ».

La stratégie nucléaire chez le général Beaufre

Dans son Introduction à la stratégie, le général André Beaufre fait une large place à la stratégie nucléaire.

La stratégie nucléaire chez le général Beaufre

IMPORTANCE ET ORIGINALITÉ DE L’ARME ATOMIQUE

L’arme atomique n’est pas qu’une arme plus puissante. Elle confère à son possesseur une nouvelle dimension stratégique. D’une part, elle est capable de frapper n’importe quel point de la planète. D’autre part, elle fait disparaître le rapport entre la puissance d’un État et la masse de ses armées.


Lire aussi Le troisième âge nucléaire.

LA STRATÉGIE DE DISSUASION NUCLEAIRE CHEZ ANDRE BEAUFRE

La dissuasion nucléaire se fonde sur l’incertitude, mais doit être complétée par des forces conventionnelles.

La dissuasion nucléaire

Selon le général Beaufre, la crédibilité de la dissuasion nucléaire repose sur l’évaluation du rapport entre les gains et les pertes. Les dirigeants doivent feindre l’irrationalité, laissant penser qu’ils sont prêts à provoquer un désastre. L’incertitude est ainsi le seul élément assuré, constituant la clé de la dissuasion. Il est donc essentiel de la maintenir.

Il existe deux types de tactiques :

  • contre-forces : destruction des forces armées adverses, y compris et surtout des vecteurs nucléarisés. Cela nécessite beaucoup de moyens.
  • contre-cités : destruction des principales villes ennemies. L’idée d’utiliser une telle stratégie est si effrayante qu’elle suggère que l’on mise sur la dissuasion comme suffisante. Cependant, cela s’avère moins intimidant et ne propose finalement qu’une option de destruction mutuelle.

Les dissuasions complémentaires

Malgré tout, chacun des adversaires conserve un certain degré de liberté d’action, sur des théâtres secondaires ou dans des actions mineures. La dissuasion doit donc être complétée, soit grâce à des troupes conventionnelles de type expéditionnaires, ou bien en maintenant un risque de déclenchement de représailles nucléaires face à un conflit local (armes atomiques tactiques).

Disposer de forces conventionnelles nombreuses permet une dissuasion presque absolue : l’ascension du conflit conventionnel finirait par conduire à une ascension aux extrêmes nucléaires.

LA STRATÉGIE DE GUERRE

La stratégie de guerre atomique est différente de la stratégie de dissuasion.

Etant donné le risque de destruction mutuelle, un conflit entre puissances nucléaires s’ouvrirait selon toute probabilité par une action limitée.

De là, il existe deux types de doctrines d’emploi : les « représailles massives » et la riposte flexible. Dans les « représailles massives », le feu nucléaire visant à éliminer l’adversaire est déclenché contre toute agression, si minime soit-elle. Notons que les état-unis ont abandonné la, doctrine des représailles massives dès que l’URSS a été en mesure de frapper le sol américain.

La riposte flexible, à l’inverse, met en oeuvre la force juste nécessaire, gardant en réserve l’emploi massif des feux nucléaires.

Selon Beaufre, à l’ère atomique, seuls deux types de guerres sont donc possibles entre puissances niucléaires, la stratégie du fait accompli ou le conflit prolongé de basse intensité.

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Pour conclure, la stratégie nucléaire revêt une importance capitale dans l’oeuvre du général Beaufre. L’arme nucléaire permet à son détenteur de changer de stature stratégique. Elle ne rend toutefois pas les forces conventionnelles obsolètes, car il est nécessaire de pouvoir agir en deçà du seuil nucléaire.

Ku, dieu de la guerre à Hawaï

Ku, dieu de la guerre à Hawaï, symbolise la force et la virilité dans la mythologie hawaïenne. Vénéré pour sa puissance et sa capacité à conquérir, il incarne aussi la victoire. Les Hawaïens le prient lors de rituels guerriers et offrent des sacrifices pour obtenir son aide. Ce dieu ne se limite pas à la guerre. Il influence aussi la fertilité, la mer et la survie des communautés.

Ku, dieu de la guerre à Hawaï

Ku est le dieu de la guerre du panthéon hawaïen. Il représente la virilité, la conquête et la victoire. Sa force attire particulièrement les guerriers qui cherchent à vaincre leurs ennemis. Cependant, Ku ne se limite pas à la guerre. En effet, son influence s’étend aussi à d’autres domaines tels que la fertilité et la protection. Par conséquent, il est vénéré pour sa capacité à garantir la prospérité des communautés.

Ku, dieu de la guerre à Hawaï

Ku est vénéré dans tout l’archipel hawaïen. Son culte remonte à l’époque des premières migrations polynésiennes, il y a environ 1 500 ans. Les guerriers hawaïens invoquent son aide lors des conflits. Ils construisent des temples pour lui, appelés heiau. Ces lieux sacrés se trouvent sur des collines ou des sites stratégiques. Là, ils offrent des sacrifices, parfois humains, pour obtenir sa faveur. Pendant les périodes de guerre, Ku devient une divinité centrale. Mais en dehors des guerres, les chefs et les rois le prient pour la fertilité des terres.

Resistance et virilité

Ku possède des attributs liés à la guerre et à la force. Mais il incarne aussi la résistance. En effet, son nom signifie « se dresser » ou « se tenir debout », ce qui montre sa détermination. Les guerriers hawaïens voient en lui un modèle de courage et de force intérieure. Cela renforce sa place dans les rituels.

En outre, Ku symbolise la virilité. Il est associé à l’énergie vitale et à la fertilité. Les chefs l’invoquent pour avoir des descendants forts. Ku devient donc un dieu protecteur, garant de la survie des lignées royales.

Ku, dieu de la violence et de l’intelligence dans la guerre

Ku incarne la violence et la force brute de la guerre. Il représente la confrontation directe. Les guerriers hawaïens prient Ku pour obtenir la force de détruire leurs adversaires. Mais Ku ne se limite pas à cette brutalité. Il symbolise également la stratégie. En effet, il aide les chefs à planifier leurs batailles. Grâce à Ku, les Hawaïens combinent force et intelligence. Ils anticipent les mouvements de l’ennemi. Ainsi, Ku devient un allié indispensable pour obtenir des victoires.

Ku représente aussi la guerre dans un cycle plus large. Après la destruction, il permet la reconstruction. Les terres conquises sont réorganisées, les ressources exploitées. Cela montre que Ku incarne aussi la renaissance après la guerre. Son rôle ne se limite donc pas à la destruction. Il soutient la réorganisation des sociétés après les conflits.

Ku, dieu de la guerre à Hawaï

Ku, dieu de la guerre, de la pêche et des récoltes

Ku ne se contente pas d’être un dieu de la guerre. Il veille aussi sur la fertilité des terres et la prospérité des communautés. Les Hawaïens le prient pour assurer des récoltes abondantes. Ils organisent des cérémonies pour lui rendre hommage. En plus de cela, Ku est lié à la mer. Les pêcheurs l’invoquent pour obtenir de bonnes prises et se protéger des tempêtes. Son lien avec la mer renforce sa place dans la culture hawaïenne. Cela montre son influence sur les aspects essentiels de la vie quotidienne.

Les cérémonies en l’honneur de Ku incluent des chants et des danses. Ces rituels célèbrent sa force et son pouvoir sur la nature. En offrant des sacrifices, les Hawaïens espèrent s’attirer ses faveurs. Grâce à Ku, ils assurent la prospérité de leurs terres, leur victoire dans les guerres, et leur protection face aux dangers.

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Ku, dieu de la guerre à Hawaï, incarne la force brute, la stratégie et la victoire. Cependant, son influence ne se limite pas à la guerre. Il protège aussi les terres et les communautés, garantissant leur fertilité et leur survie. Son culte, profondément ancré dans la culture hawaïenne, continue de marquer l’histoire des îles. Aujourd’hui, Ku reste un symbole puissant de force, de résistance et de renouveau.

Lire aussi Gu, la guerre et la forge.

Chi You, chef de guerre, dieu de la guerre en Chine

Chi You, chef de guerre et dieu de la guerre en Chine, est une figure légendaire de la mythologie chinoise. Il a mené des rébellions féroces et affronté l’Empereur Jaune dans des batailles mémorables. Vénéré par certains peuples anciens, il symbolise la révolte, la guerre destructrice, mais aussi la résistance et l’ingéniosité militaire. Ses attributs incluent des armes puissantes et des pouvoirs surnaturels. Malgré sa défaite, il incarne la lutte contre l’ordre établi. Chi You est aussi lié à la métallurgie et au combat juste, représentant un guerrier déterminé face au chaos.

Chi You, chef de guerre, dieu de la guerre en Chine

Le dieu de la guerre en Chine, Chi You, est une figure incontournable de la mythologie chinoise. Connu pour sa bravoure et sa férocité, il incarne un chef de guerre redouté et un symbole de rébellion. Chi You a mené des armées dans des batailles épiques. La plus célèbre est celle contre l’Empereur Jaune, autre légende de la Chine ancienne. Mais il ne se résume pas à ses exploits militaires. Ce dieu de la guerre est aussi porteur de nombreux autres attributs. Sa figure incarne la violence de la guerre, tout en symbolisant la résistance face aux oppressions.

Chi You, mortel puis dieu de la guerre en Chine

Chi You, en tant que dieu de la guerre en Chine, était vénéré dans les régions du sud de la Chine. Les peuples Miao et Hmong, en particulier, le considéraient comme un héros ancestral et une divinité protectrice. Son culte remonte à plus de 4 000 ans, à l’époque mythologique des Trois Souverains et des Cinq Empereurs.

Chi You, dieu de la guerre en Chine, n’était pas d’emblée une divinité. Avant de devenir un dieu vénéré, il fut un chef de guerre redoutable et une figure légendaire. Selon la mythologie chinoise, il était le dirigeant des Jiuli, une tribu ancienne installée dans le sud de la Chine. Ce peuple, réputé pour sa maîtrise des armes et de la métallurgie, voyait en Chi You un chef charismatique et un stratège hors pair. Il n’avait pas de statut divin à cette époque. Son autorité reposait sur sa capacité à mener ses guerriers au combat avec une grande efficacité.

L’ascension de Chi You vers le statut divin ne se fit qu’après sa mort et sa défaite. Son nom et ses exploits militaires traversèrent les âges. À mesure que les récits de ses batailles épiques se répandaient, Chi You devint un symbole de force, de résistance et de rébellion. Avec le temps, il fut élevé au rang de dieu. Son culte se développa dans certaines régions de la Chine, notamment chez les Miao et les Hmong. Ces peuples voyaient en lui le défenseur des opprimés, un guerrier capable de se dresser contre l’autorité impériale.

L’épisode clé de cette transformation mythique reste la bataille de Zhuolu, une des plus célèbres batailles de l’histoire mythologique chinoise.


Lire aussi : Deux thèses majeures de L’art de la guerre de Sun Tzu en cinq minutes

La bataille de Zhuolu : Chi You contre l’Empereur Jaune

La bataille de Zhuolu est l’un des événements les plus marquants de la vie de Chi You. Ce conflit l’oppose à l’Empereur Jaune, autre figure emblématique de la mythologie chinoise, considéré comme le fondateur de la civilisation chinoise. Cette bataille décisive eut lieu près de l’actuelle province de Hebei, à une époque où plusieurs tribus cherchaient à dominer le vaste territoire chinois. Le contrôle de ces régions représentait un enjeu stratégique majeur, tant pour des raisons politiques qu’économiques.

Chi You, à la tête des Jiuli, ambitionnait de renverser l’Empereur Jaune et de s’imposer comme le chef suprême. Ses forces étaient composées de guerriers redoutables, dont certains étaient armés d’armes en métal, renforçant ainsi leur supériorité militaire. En plus de son habileté stratégique, Chi You maîtrisait des pouvoirs surnaturels. Lors de l’affrontement, il aurait invoqué une épaisse brume et des tempêtes pour désorienter les troupes de l’Empereur Jaune.

Cependant, l’Empereur Jaune, aidé par ses propres capacités divines et technologiques, n’était pas facilement défait. Il employa son armée céleste et, selon certains récits, fit appel à une créature divine appelée « le dragon céleste » pour contre-attaquer. Cette intervention surnaturelle permit aux forces impériales de reprendre le dessus, et l’armée de Chi You fut finalement vaincue.

Signification et postérité

La bataille de Zhuolu est souvent perçue comme le moment charnière où l’ordre et la civilisation (incarnés par l’Empereur Jaune) triomphent du chaos et de la rébellion (incarnés par Chi You). La défaite de Chi You scella son destin, mais son esprit rebelle et sa bravoure lui valurent l’immortalité dans les mémoires des peuples. Il devint ainsi une figure divine après sa mort, et son nom resta gravé dans l’histoire, vénéré par ceux qui cherchaient à s’inspirer de sa résistance face à l’autorité.

Les peuples Miao et Hmong, en particulier, continuèrent de vénérer Chi You pendant des siècles, le considérant comme leur ancêtre et protecteur. Ils le voyaient non seulement comme un guerrier, mais aussi comme une figure tutélaire, prête à défendre leur identité et leurs droits face à des forces oppressives. Son culte survécut aux dynasties impériales et à l’évolution du système politique chinois, conservant son importance dans certaines régions, notamment en Chine du Sud.

Chi You, chef de guerre déterminé et impitoyable, devint donc un dieu de la guerre en Chine, symbolisant la lutte et la rébellion contre l’autorité imposée.

Les attributs de Chi You, dieu de la guerre en Chine

Les attributs de Chi You, dieu de la guerre en Chine, sont nombreux et révèlent sa puissance. Chi You est souvent décrit comme un chef de guerre redoutable, vêtu d’une armure imposante et maniant des armes particulièrement destructrices. Il porte des épées, des haches et d’autres armes tranchantes, signes de son lien étroit avec la violence et le combat. Ses capacités physiques le rendent invincible sur le champ de bataille, mais il possède également des pouvoirs surnaturels.

Chi You est célèbre pour sa maîtrise des éléments naturels. Lors de la bataille de Zhuolu, il aurait invoqué des tempêtes et des brouillards épais pour déstabiliser ses ennemis. Ces pouvoirs surnaturels lui permettaient de contrôler l’environnement, rendant toute stratégie militaire contre lui difficile. Son contrôle des éléments reflète sa capacité à semer le chaos et à déjouer l’ordre établi.

Il est aussi souvent représenté avec des traits bestiaux, parfois avec des cornes. Cette apparence sauvage renforce son image de divinité chaotique et indomptable. Pourtant, ses fidèles le voyaient non seulement comme un destructeur, mais aussi comme un protecteur, capable de défendre ses alliés dans les moments critiques.

Chi You, dieu de la guerre et du chaos

Chi You, en tant que dieu de la guerre en Chine, incarne l’aspect chaotique et destructeur de la guerre. Il ne représente pas une guerre menée avec discipline et organisation, mais plutôt celle qui vise à bouleverser l’ordre existant. Ses affrontements avec l’Empereur Jaune en sont l’exemple parfait. Chi You ne se battait pas seulement pour conquérir des terres, mais pour défier l’autorité de l’Empereur, symbole de la civilisation naissante en Chine.

Son rôle dans la bataille de Zhuolu illustre son caractère belliqueux. Chi You a utilisé des stratégies de guérilla et des tactiques non conventionnelles pour tenter de vaincre ses ennemis. Cette approche lui permettait de surprendre ses adversaires, mais elle a aussi révélé son mépris pour les règles établies. Chi You est donc un symbole de rébellion, celui qui refuse de se soumettre à une autorité qu’il juge injuste.

Cette guerre qu’il incarne est celle du chaos, où la brutalité et l’imprévisibilité priment. Les récits mythologiques qui le décrivent mettent souvent en avant sa capacité à perturber l’ordre cosmique et à imposer sa propre loi. Ainsi, Chi You n’est pas seulement un chef militaire, mais aussi une incarnation de la révolte et du désordre dans un monde qui cherche à se structurer.

Chi You, défenseur des opprimés

Au-delà de son rôle de dieu de la guerre en Chine, Chi You est également lié à plusieurs autres domaines. Il passe parfois pour le protecteur des artisans et des forgerons. Cette association s’explique par son rapport étroit avec la fabrication d’armes. Dans certaines légendes, Chi You aurait enseigné aux humains l’art de la métallurgie, faisant de lui un guide pour ceux qui créent les outils nécessaires à la guerre.

Par ailleurs, Chi You constitue aussi une figure de justice. Bien qu’il soit souvent représenté comme un destructeur, son objectif ultime était de rétablir un équilibre face aux oppressions. Pour ses partisans, Chi You n’était pas simplement un être belliqueux, mais un guerrier qui luttait pour la liberté et l’indépendance de son peuple.

Enfin, Chi You est également associé à la terre et à la fertilité dans certaines traditions locales. Les Miao et Hmong, qui le vénéraient, le considéraient comme un garant de la prospérité et de la protection de leurs terres. Cette dualité entre la destruction et la fertilité souligne la complexité de son rôle dans la mythologie chinoise.

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Chi You, dieu de la guerre en Chine, incarne la force brute, la rébellion et le chaos. Chef de guerre légendaire, il a mené ses troupes dans des batailles féroces et a défié l’autorité impériale de l’Empereur Jaune. Malgré sa défaite, son héritage perdure, notamment chez les peuples Miao et Hmong. Il reste une figure emblématique de la résistance et de la lutte pour la justice. Ses attributs, ses pouvoirs surnaturels et son rôle dans l’histoire mythologique chinoise font de lui un dieu incontournable pour comprendre la vision chinoise de la guerre et de la révolte.

Lire aussi : Dieu de la guerre, dieux de la guerre

Bibliographie

Site internet :

Chineancienne.fr

    Livre :

    Anthologie des mythes et légendes de la Chine ancienne

    Christophe Guilluy, No society. La classe moyenne a-t-elle disparu ?

    Dans No society, Christophe Guilluy poursuit l’élaboration de sa grande idée : les classes moyennes auraient disparu.

    Christophe Guilluy, No society. La classe moyenne a-t-elle disparu ?

    La thèse de l’ouvrage, paru en 2018, est la suivante : les classes moyennes occidentales ont bien disparu, victime d’un phénomène de relégation économique, spacial et culturel. La classe dominante, la « bourgeoisie cool » des métropoles s’est quand à elle retranchée dans les métropoles. Elle exerce sa domination politique en invisibilisant la majorité de la population, des classes moyennes devenues classes populaires. La classe dominante entend n’avoir plus aucun lien avec elles, même au prix de la sécession. Elle utilise sa capacité à produire le discours dominant pour décrédibiliser les revendications des classes populaires (protection sociale et culturelle) pour des raisons morales. Toutefois, ce système de domination est en train d’échouer. Les classes populaires parviennent à imposer leurs thèmes dans le débat politique. Face à elle, le projet des élites métropolitaines a-culturelles est économiquement, socialement et culturellement suicidaire.

    Ce phénomène n’est pas spécifiquement français. Il s’observe des États-Unis à l’Allemagne en passant par les pays nordiques.

    La relégation économique et spatiale des classes moyennes selon Christophe Guilluy dans No society.

    Les classes moyennes occidentales ont été victimes depuis les années 70 – 80 d’une double relégation : économique et spatiale.

    Relégation économique

    Elles sont les grandes perdantes de la mondialisation. Les emplois industriels qui assuraient leur rang économique, mais aussi politique, ont largement disparu. Il en est résulté un appauvrissement des ouvriers, mais aussi de tous ceux que leur salaire faisait vivre. Il s’agit des restaurateurs, magasins des centres villes des petites villes de province, employés, petits cols blancs… etc.

    N.B. J’ai été frappé en visitant Cherbourg de voir à quoi pouvaient ressembler cette France des petites villes industrielles. L’industrie navale s’y maintenant, les salaires y sont relativement élevés et le centre ville est très vivant sans être inaccessible.

    La création d’emploi s’est concentrée dans les métropoles, dans des secteurs soit très qualifiés (tech, digital…), ou sous-qualifiés (nettoyage, livraison, employés de maison). Cela a donné naissance à une élite métropolitaine. Un « bourgeois cool » de Paris aura plus en commun avec un habitant de Barcelone qu’avec un calaisien.

    Guilluy, No society. La classe moyenne a-t-elle disparu ? L'éléphant de Branko Milanovic
    L’éléphant de Branko Milanovic. Le graphique représente la répartition de la croissance du revenu mondial entre 1988 et 2008. Les classes moyennes occidentales ont vu leur revenu baisser ou croitre moins vite que le reste du monde.

    Lire aussi : faut-il réindustrialiser la France ?

    LA Relégation spatiale

    Les territoires autrefois industriels sont donc devenus moins attractifs, et les anciennes classes moyennes, appauvries, n’ont pas les moyens de les quitter. Elles se retrouvent donc fixées, sédentarisée par la forces des choses économique dans des territoires en déshérence. Elles ne peuvent plus se loger dans les métropoles et sont donc privées d’accès aux territoires qui comptent, reléguées au rang de loosers, incapables de s’adapter à la mondialisation.

    Les banlieues des métropoles ne sont pas une option en raison des pratiques d’évitement liées à l’insécurité physique et culturelle. Le minoritaire ne peut pas préjuger de la bienveillance de la majorité et va donc chercher un territoire dans lequel il sera majoritaire. En effet, les classes moyennes ont perdu leur rôle de prescripteur culturel vis à vis des nouveaux arrivants.

    Les classes moyennes ont perdu leur rôle de prescripteur culturel

    En leur retirant leur intégration économique et en tenant sur elles un discours méprisant, les classes dominantes ont retiré aux classes autrefois moyennes, aujourd’hui populaires, leur rôle de prescripteur culturel.

    Les classes populaires ont ainsi cessé de constituer un modèle pour les nouveaux arrivants. Qui voudrait ressembler à un looser, présenté dans les médias dominants comme un raciste arriéré et assisté ? Or, il est plus facile d’accepter l’autre lorsqu’on est prescripteur culturel, c’est à dire lorsque ses valeurs sont celles qu’il faut imiter. Majoritaires dans le pays, l’influence culturelle des classes populaire devient marginale.

    Enfin, les classes dominantes ont réussi à remplacer la question sociale par la question sociétale. L’important n’est plus l’intégration économique des classes populaire mais l’inclusion des minorités culturelles. La légitimité des luttes sociales étant amoindrie par la relégation culturelle des classes populaires, elles ne représentent plus une menace pour les classes dirigeantes.


    Sur ce sujet, lire Le néolibéralisme progressiste selon Nancy Fraser.

    Quelles sont les conséquences politiques de la disparition de la classe moyenne ?

    La disparition des classes moyennes laisse la place au multiculturalisme

    Selon Christophe Guilluy dans No society, le multiculturalisme s’installe dans le vide laissé par les classes moyennes disparues. Les nouveaux arrivants préfèrent conserver leur capital social et culturel que d’adopter les codes et les valeurs d’un groupe ainsi maltraité. Les différentes cultures vivant côte à côte forment ce que Christophue Guilluy appelle la « société relative ».

    Les classes dominantes ont appauvri les anciennes classes moyennes et provoqué la montée des populismes. Elles font alors le pari de miser sur le soutien politique des minorités. Elles mettent en avant un prétendu risque de fascisme ou de guerre civile pour poursuivre la délégitimation des enjeux portés par les classes populaires.

    Montée du populisme

    Le vote dit « populiste » est la principale conséquence politique de la disparition de la classe moyenne. Les déclassés contestent un ordre politico-économique qui les défavorisent, aux plans économique et culturel. Ainsi, le vote RN en France n’est pas le fait d’un mouvement de colère ponctuel ou des fake news. C’est donc un mouvement « tectonique ».


    Lire aussi Comprendre La France périphérique de Christophe Guilluy en moins de 5 minutes.

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    Selon Christophe Guilluy dans No society, les classes moyennes occidentales ont bien disparu à cause des politiques libérales. Cette disparition est un phénomène majeur, qui est à l’origine de la fragmentation de nos sociétés et de la vague populiste.

    Cependant, le modèle d’une élite métropolitaine a-culturelle est largement contesté par des classes populaires qui sentent que le rapport de force est en train de basculer en leur faveur. Cela pourrait provoquer à l’avenir un nouveau changement de paradigme.


    Pour aller plus loin :

    Chrisophe Guilluy, La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires.

    Chrisophe Guilluy, Fractures françaises

    LUTTE DES RACES CONTRE LUTTE DES CLASSE. METTRE FIN AU RACISME SYSTÉMIQUE SANS CHANGER LE SYSTÈME ?

    Chrisophe Guilluy, Le crépuscule de la France d’en haut 

    La lutte des classes en France aujourd’hui.

    Athéna, déesse de l’intelligence dans la guerre

    Athéna, déesse de la guerre et de la sagesse, est une figure centrale du panthéon grec. Représentant l’intelligence stratégique dans le conflit, elle était vénérée dans plusieurs cités, notamment Athènes. Ses attributs incluent l’égide, la lance et la chouette. Contrairement à Arès, qui symbolise la violence brute, Athéna incarne une approche réfléchie et tactique de la guerre. En plus de ses compétences martiales, elle patronnait les arts, la justice et l’artisanat, reflétant son rôle polyvalent dans la mythologie grecque.

    Athéna, déesse de l'intelligence dans la guerre
    Buste d’Athéna, Glyptothek Munich, 2e siècle, copie romaine d’une statue grecque du 4e siècle avant J.C.


    Athéna, déesse de la guerre, est l’une des divinités les plus complexes de la mythologie grecque. Elle ne se contente pas d’incarner la guerre pour elle-même, mais plutôt une guerre réfléchie, celle de la stratégie et de l’intelligence. De nombreuses cités vénéraient Athéna comme la protectrice de la civilisation et de la justice, lui accordant un rôle central dans la société grecque antique. Pour comprendre pourquoi Athéna, déesse guerre, a eu un impact durable dans l’imaginaire grec, il est essentiel de retracer son culte, ses attributs et ses fonctions dans la guerre.

    Où et quand Athéna, déesse de la stratégie et de l’intelligence dans la guerre était-elle vénérée ?

    Le culte d’Athéna remonte à l’Antiquité grecque, et son influence s’étendait principalement dans le monde égéen. Athènes, comme son nom l’indique, était la cité où Athéna déesse guerre était la plus vénérée. La légende raconte qu’elle gagna la protection de la cité en lui offrant un olivier, symbole de paix et de prospérité. Cette légende incarne parfaitement la nature d’Athéna, qui, bien qu’elle soit une déesse de la guerre, mettait toujours en avant la sagesse et la raison. Son temple le plus célèbre, le Parthénon, se situe encore sur l’Acropole d’Athènes.

    Mais Athéna n’était pas uniquement vénérée à Athènes. On retrouve des traces de son culte à Rhodes, Sparte et d’autres régions grecques. Par exemple, les Spartiates invoquaient Athéna Poliouchos (protectrice de la cité) avant les batailles. Ces cités admiraient son esprit stratégique. Le culte d’Athéna se maintint jusqu’à l’époque romaine. Elle fut alors assimilée à Minerve, une déesse équivalente du panthéon romain.

    Les attributs d’Athéna : la chouette, le casque la lance et le bouclier

    Athéna, déesse de la stratégie


    Les attributs d’Athéna reflètent son double rôle de déesse de la guerre et de la sagesse. L’un des plus connus est l’égide, un bouclier orné de la tête de Méduse, qui symbolise la protection divine. Ce bouclier, souvent représenté avec des serpents, a le pouvoir de terrifier les ennemis. La lance est un autre symbole majeur de la déesse. Cette arme, symbole traditionnel de la guerre, est entre ses mains un outil stratégique, l’instrument de la victoire pensée plutôt que de la force brute.

    La chouette est également l’un de ses attributs les plus iconiques. Représentant la sagesse et la clairvoyance, cet oiseau nocturne accompagne souvent Athéna dans l’art et les récits mythologiques. Enfin, le casque est un autre élément qui renforce son image de guerrière, mais il s’agit d’un symbole de protection et de défense plutôt que d’agression. Ses attributs montrent donc une guerre encadrée par la raison, contrastant avec la brutalité d’autres divinités martiales comme Arès.

    Athéna, la raison dans la guerre

    Athéna se distingue des autres dieux de la guerre par la manière dont elle envisage le conflit. Contrairement à Arès, qui personnifie la fureur et la destruction aveugle, Athéna déesse guerre incarne l’intelligence stratégique. Elle est la déesse des tactiques militaires, de la réflexion et de la planification. Ses interventions dans les batailles mythologiques montrent souvent une approche raisonnée où la stratégie prime sur la violence.

    Lire aussi Arès, dieu de la guerre chez les Grecs.

    Dans L’Iliade, par exemple, Athéna soutient souvent les Grecs non pas par pure violence, mais en leur apportant des conseils avisés. Elle joue un rôle crucial dans les victoires en orientant les héros vers des choix stratégiques. Elle accorde souvent ses faveurs aux guerriers qui, comme Ulysse, incarnent la ruse et la réflexion plutôt que la force brute. Ainsi, Athéna représente une guerre civilisée, où la raison et la justice jouent un rôle central.

    Quelles sont les autres attributions d’Athéna ?

    Si Athéna est connue comme déesse de la guerre, son rôle dans la mythologie grecque ne se limite pas à cette fonction. Elle est aussi la déesse des arts et des métiers. Dans le domaine de l’artisanat, elle est particulièrement associée au tissage, un savoir-faire qu’elle transmet aux mortels. Le célèbre mythe d’Arachné, une mortelle transformée en araignée pour avoir défié Athéna dans un concours de tissage, illustre bien cette dimension de la déesse.

    Athéna est également une protectrice de la justice et de l’ordre. En tant que déesse poliade (protectrice des cités), elle incarne l’organisation sociale et les lois. Elle veille au bon fonctionnement des institutions et à la protection des faibles. Ses interventions ne concernent pas seulement la guerre, mais aussi la gestion des conflits internes à la cité. Elle promeut l’harmonie et la coopération. Athéna est ainsi une divinité polyvalente, présente dans de nombreux aspects de la vie quotidienne grecque.

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    Athéna, déesse guerre, demeure une figure fascinante par sa complexité et son rôle essentiel dans la mythologie grecque. En incarnant à la fois la guerre et la sagesse, elle propose une vision équilibrée du conflit, où l’intelligence doit guider la force. Son culte, profondément ancré dans les cités grecques, en particulier Athènes, témoigne de son importance culturelle et religieuse. Sa polyvalence, en tant que patronne de la guerre, des arts, de la justice et de l’artisanat, reflète une divinité qui transcende les simples catégories martiales. Athéna demeure ainsi une source d’inspiration et d’étude pour comprendre l’approche grecque de la guerre et de la civilisation.

    Découvrir Gu, dieu vaudou de la guerre.

    Bibliographie

    Sites internet spécialisés

      • THEOI  : Un site complet sur la mythologie grecque, avec des sections dédiées à chaque dieu, y compris Athéna.
      • Le Grenier de Clio : Un site en français dédié à la mythologie grecque, incluant des articles sur les attributs et cultes d’Athéna.

      Livres

        Sekhmet, déesse de la guerre en Égypte

        Sekhmet est une déesse de la guerre en Égypte ancienne. Elle représente la destruction et la guérison dans la mythologie égyptienne. Elle apparaît sous la forme d’une lionne, symbolisant sa férocité au combat. Selon les mythes, Ra, le dieu du soleil, l’a envoyée pour punir l’humanité, et elle a presque exterminé l’humanité dans sa fureur. Cependant, elle est également une guérisseuse, capable de guérir les maladies, ce qui fait d’elle une divinité complexe, associant la guerre et la guérison.

        Sekhmet, déesse de la Guerre

        Sekhmet, que l’on peut assimiler au dieu de la guerre en Égypte ancienne, occupe une place de choix dans la mythologie égyptienne. Dès l’Ancien Empire, vers 2500 av. J.-C., son culte s’étend dans tout le pays. Les temples dédiés à Sekhmet, principalement à Memphis, en font des centres religieux majeurs. Dans ces lieux, les fidèles l’invoquent pour protéger les pharaons en temps de guerre. Ses prêtres, également experts en médecine, prient pour calmer sa colère destructrice.

        Le culte de Sekhmet est particulièrement présent à Memphis. On retrouve aussi sa trace dans des temples importants à Thèbes. On l’associait souvent à d’autres divinités, comme Ptah ou Amon. Elle était honorée à travers des cérémonies élaborées, centrées sur son rôle protecteur face aux ennemis du pays.

        Durant les périodes de crises militaires, son culte prend de l’importance. Les pharaons invoquent sa puissance pour garantir leur victoire et maintenir l’ordre. Sa relation avec le pouvoir royal est donc forte, assurant la stabilité et la prospérité du royaume. Ce lien entre Sekhmet et la royauté est un pilier de son influence sur les Égyptiens.

        Sekhmet, déesse de la guerre en Égypte : la lionne, symbole de puissance

        Sekhmet, possède des attributs qui soulignent sa nature féroce. Son image la plus courante est celle d’une femme avec une tête de lionne. Ce choix est significatif : la lionne est un symbole de force, de royauté, et de violence. La déesse porte aussi une couronne ornée du disque solaire, marquant son lien avec le dieu Rê, le soleil.

        Sekhmet, déesse de la Guerre

        Un autre attribut clé est le sceptre qu’elle tient dans certaines représentations. Parfois, elle est également armée d’une lame courbe. Tous ces objets rappellent sa puissance martiale. En plus de ces symboles guerriers, elle est aussi la « flamme de Rê ». Ce feu sacré représente la destruction causée par la chaleur et la lumière du soleil.

        Cependant, malgré cette image violente, Sekhmet est également vénérée pour ses pouvoirs de guérison. En effet, les prêtres qui la servent sont souvent des médecins capables de soigner les maladies. Cela fait d’elle une divinité à double visage : à la fois destructrice et guérisseuse. Cette dualité fascine et renforce son influence dans la culture égyptienne.

        La guerre selon Sekhmet : incarnation de la fureur divine

        Sekhmet représente un aspect particulier de la guerre : la colère divine. Ce caractère la distingue dans le panthéon égyptien. Elle ne symbolise pas la guerre ordinaire, mais la rage incontrôlable qui accompagne les grandes destructions. Dans son rôle de dieu de la guerre en Égypte ancienne, Sekhmet est la protectrice du royaume, mais aussi l’instrument de la vengeance divine.

        Selon la mythologie égyptienne, Sekhmet peut être envoyée pour punir les ennemis de l’Égypte. Le mythe de la « Destruction des hommes » en est un parfait exemple. Dans cette légende, Rê, le dieu du soleil, envoie Sekhmet pour punir l’humanité. Cependant, la violence de Sekhmet devient si extrême qu’elle menace de tout détruire. Pour l’arrêter, Rê doit l’enivrer avec de la bière teintée de rouge, afin qu’elle la prenne pour du sang.

        Ce mythe souligne le danger que représente la fureur incontrôlable de Sekhmet. Pourtant, cette même fureur est aussi perçue comme une arme nécessaire pour la protection du royaume. Sur le champ de bataille, les pharaons et les soldats invoquent Sekhmet pour effrayer leurs ennemis. Elle est une force irrésistible qui s’abat sur ceux qui osent défier l’Égypte.


        Lire aussi Dieu de la guerre, dieux de la guerre.

        Les autres attributions de Sekhmet : guérison et fertilité

        En dehors de son rôle guerrier, Sekhmet a d’autres attributions importantes. Bien que déesse de la guerre, elle est aussi liée à la guérison. Les prêtres qui la servent sont réputés pour être de grands médecins. Ces hommes soignent les maladies et veillent à la bonne santé des Égyptiens. Ce rôle de guérisseuse est complémentaire à sa capacité destructrice. En apaisant sa fureur, elle permet à la vie de prospérer à nouveau.

        Sekhmet, déesse de la guerre en Egypte antique

        Sekhmet est également associée à la fertilité. Après la guerre et la destruction, elle apporte la renaissance. Cela reflète encore une fois la dualité de cette déesse. Sa colère, une fois calmée, permet à la terre de se régénérer et de nourrir les populations.

        En plus de ces aspects, Sekhmet joue un rôle dans les rites funéraires. Elle veille sur les défunts et les accompagne dans leur passage vers l’au-delà. Elle protège les morts des forces du chaos, assurant leur paix éternelle. Ainsi, Sekhmet est une déesse complète, maîtrisant à la fois la guerre, la guérison, et la protection des âmes.


        Sekhmet incarne donc la puissance brute et la colère dévastatrice dans la mythologie égyptienne. En tant que déesse de la guerre en Égypte ancienne, elle représente une force redoutée et vénérée, à la fois protectrice et destructrice. Sa relation avec les pharaons, son rôle sur le champ de bataille et sa capacité à restaurer la paix et la guérison après la guerre font d’elle une divinité complexe et fascinante. Sekhmet illustre à merveille la dualité entre destruction et renaissance, un thème récurrent dans la civilisation égyptienne. À travers les âges, son culte et ses attributs ont perduré, faisant d’elle une figure centrale du panthéon égyptien.

        Sur Sekhmet, déesse de la guerre en Égypte ancienne, voir aussi :

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        Livres :

        Gu, dieu vaudou de la guerre


        Gu, dieu de la guerre, est vénéré dans les cultures vaudou du Bénin et du Togo depuis des siècles. Il est étroitement lié à la forge et aux armes. Il joue un rôle protecteur pour les guerriers. Ses attributs, comme le fer, le marteau et l’enclume, symbolisent son pouvoir sur les métaux et sa capacité à forger les outils de guerre. Il incarne l’aspect stratégique et créateur du conflit, tout en ayant d’autres attributions dans la protection et le travail du métal.


        Gu, dieu de la guerre

        Gu, dieu vaudou de la guerre

        Gu appartient à la culture vaudou, principalement pratiquée au Bénin, au Togo et dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest. Il est l’une des divinités les plus anciennes et respectées dans ces cultures. Son culte remonte à l’époque où la forge et le travail des métaux occupaient une place essentielle dans le développement des sociétés ouest-africaines. En effet, Gu est avant tout un dieu du fer, un élément central dans l’armement des guerriers. Le métal forge les armes, et Gu est celui qui veille à leur perfection.

        L’origine du culte de Gu est ancienne. En tant que dieu de la guerre et de la forge, Gu possédait une importance religieuse, mais aussi politique. En effet, les chefs de guerre lui rendaient hommage avant d’entamer des campagnes militaires. Cette vénération s’étendait également aux artisans, en particulier les forgerons. Ils voyaient en Gu un protecteur de leur art et de leur savoir-faire.

        Dans les sociétés traditionnelles, les cérémonies en l’honneur de Gu étaient nombreuses. Elles marquaient des moments clés de la vie sociale, militaire et agricole. Les forgerons, à travers leurs rites et offrandes, cherchaient la bénédiction de Gu pour qu’il guide leurs mains et renforce la qualité des outils et armes qu’ils fabriquaient.

        Les attributs de Gu : le dieu de la forge et des armes

        Les attributs de Gu, dieu de la guerre, sont intimement liés à la forge et au travail des métaux. Le fer, le marteau, et l’enclume sont des symboles essentiels de son pouvoir. Dans la tradition vaudou, Gu tient un marteau et une épée. Cela rappelle son rôle de créateur et de destructeur à la fois. Le métal sous toutes ses formes est sacré pour Gu, car il symbolise la force, et la maîtrise des éléments.

        En tant que dieu des forgerons, Gu incarne l’importance de la technologie dans les sociétés traditionnelles. La maîtrise du fer et des métaux précieux permettait de fabriquer des armes, des outils agricoles et des objets rituels. Gu, en tant que protecteur de ces savoirs, assurait la réussite dans la création et l’utilisation de ces objets.

        Le fer se trouve au centre des rituels consacrés à Gu. Les forgerons et guerriers lui offraient des objets forgés pour s’attirer sa protection et sa bénédiction. Dans certaines traditions, on retrouve également l’image de Gu sur un char de guerre, armé jusqu’aux dents. Ces représentations mettent en avant son rôle central dans la défense des communautés et son lien avec la guerre.

        En outre, la couleur rouge, associée au sang et à la guerre, est un autre symbole fort de Gu. Elle évoque à la fois la violence des combats et la protection qu’il accorde à ses fidèles. Dans les cérémonies, des objets rouges étaient souvent utilisés pour invoquer sa puissance.

        Gu : incarnation de la guerre et de la protection

        Gu, dieu de la guerre, incarne à la fois l’aspect destructeur et protecteur du conflit. Contrairement à d’autres divinités guerrières qui se concentrent uniquement sur la violence, Gu représente un équilibre entre la création et la destruction. Il guide les guerriers au combat, mais aussi dans sa préparation. Il veille à ce que leurs armes soient de la meilleure qualité possible.

        L’un des aspects les plus marquants du culte de Gu est sa capacité à forger des armes invincibles. Cette connexion entre la forge et la guerre souligne l’importance de la stratégie et de la planification dans les combats. Les guerriers qui honoraient Gu cherchaient certes à triompher par la force brute. Mais ils cherchaient aussi à garantir que leurs outils et stratégies soient infaillibles.

        En tant que dieu protecteur, on invoquait également Gu pour assurer la sécurité des guerriers et des communautés. Avant de partir au combat, les guerriers organisaient des rituels pour appeler Gu à les protéger protection, afin qu’ils puissent revenir victorieux et indemnes. Dans les cérémonies, les tambours et chants en son honneur rappelaient la connexion profonde entre les guerriers et leur dieu.

        La guerre, pour Gu, n’était pas simplement une affaire de destruction, mais aussi de régénération. Après les combats, on l’invoquait ainsi pour restaurer l’équilibre dans les communautés. Il réparait les dégâts et assurait la paix. C’est ce double aspect – à la fois destructeur et créateur – qui fait de Gu un dieu si unique et respecté.

        Les autres attributions de Gu : au-delà de la guerre

        Bien que Gu soit principalement connu comme dieu de la guerre et de la forge, ses attributions ne se limitent pas à ces domaines. En tant que divinité polyvalente, Gu est aussi associé à la protection et à la justice. Les forgerons, en particulier, voyaient en Gu un protecteur de leur art et un garant de l’équité dans leur travail. En Afrique de l’Ouest, les forgerons occupaient souvent des positions respectées dans la société. Leur lien avec Gu renforçait leur autorité morale.

        Gu est aussi lié à la terre et à la fertilité. Le métal qu’il façonne provient de la terre, ce qui symbolise son rôle dans le maintien de l’équilibre entre la nature et les hommes. Ses rituels incluent parfois des offrandes agricoles, renforçant l’idée que Gu veille à la prospérité et à la fertilité des champs.

        Par ailleurs, Gu était une figure importante dans les rites de passage. Lors des initiations, notamment celles des guerriers, on invoquait Gu pour renforcer les jeunes hommes, à la fois physiquement et moralement. Il jouait également un rôle dans les cérémonies funéraires, en protégeant les âmes des défunts et en guidant les esprits des guerriers morts au combat.

        Enfin, Gu est aussi un dieu de la justice. Dans certaines traditions, il est invoqué pour trancher des litiges et punir ceux qui transgressent les lois. Il assure que la justice soit rendue, en protégeant les innocents et en punissant les coupables, toujours en lien avec son rôle de forgeron, créateur de l’ordre social à travers ses armes et outils.

        Différences entre Gu et Ogun

        Bien que Gu et Ogun soient tous deux des divinités de la guerre et de la forge dans les religions africaines, il existe des distinctions importantes entre eux. Gu, dans les cultures vaudou du Bénin et du Togo, est étroitement lié à la guerre, mais aussi au processus de création des armes et outils. Il incarne un équilibre entre la destruction et la création, soulignant l’importance de la stratégie et de la fabrication des armes.

        En revanche, Ogun est un dieu plus largement vénéré dans les traditions yoruba du Nigéria et de certaines régions du Bénin. Il est le dieu des forgerons, des chasseurs, des guerriers et des outils, mais il représente avant tout la force brute et la conquête. Là où Gu symbolise la protection et la préparation des guerres, Ogun est le conquérant impitoyable, symbolisant le pouvoir et la violence pure des conflits armés. Ogun est également très lié à la nature sauvage et aux forêts, contrairement à Gu, qui est davantage associé à la communauté et à la maîtrise technique.

        Lire aussi Ogun, dieu de la guerre et du fer.

        Les deux dieux partagent des similitudes, notamment dans leur rôle de protecteurs des forgerons et des guerriers, mais Gu incarne une approche plus stratégique et créative, alors qu’Ogun représente la force inarrêtable, brute et destructrice.

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        En conclusion, Gu, dieu de la guerre dans le panthéon vaudou, joue un rôle essentiel au-delà de la simple violence des combats. Protecteur des guerriers et maître des forgerons, il symbolise l’ordre et la discipline sur le champ de bataille. Il incarne aussi l’innovation technique à travers la forge et les armes. Vénéré dans diverses régions de l’Afrique de l’Ouest, Gu reflète l’importance de la guerre pour la survie des communautés. En comparaison avec Ogun, qui gouverne les chemins et la chasse, Gu se focalise sur les outils de la guerre et leur création. Cela montre que la destruction et la création sont intimement liées. Par son culte, les adeptes de Gu honorent non seulement un dieu guerrier, mais aussi un artisan divin qui transforme la violence brute en civilisation.

        Conseil de lecture

        Mars, dieu de la guerre chez les Romains

        Mars, dieu de la guerre, occupe une place centrale dans la religion romaine. Vénéré dès les origines de Rome, son culte s’étend au fil de l’expansion de l’empire. Ses attributs, tels que le casque, l’épée et le bouclier, symbolisent son rôle de protecteur des armées romaines. Représentant l’aspect destructeur mais aussi régulateur de la guerre, Mars diffère d’Arès, son homologue grec, par son caractère plus ordonné et patriote. En plus de la guerre, Mars se voit associé à l’agriculture et à la fondation de la ville de Rome.

        Mars, dieu de la guerre. Musée d'art et d'archéologie du Périgord - École de Jacques-Louis David - Mars désarmé par les Grâces
        Musée d’art et d’archéologie du Périgord – École de Jacques-Louis David – Mars désarmé par les Grâces

        Les origines et le culte de Mars à travers l’Empire romain

        Mars, dieu de la guerre, figure parmi les divinités les plus anciennes et importantes du panthéon romain. Vénéré dès les débuts de la fondation de Rome, il jouait un rôle crucial dans la société militaire romaine. Les Romains considéraient Mars comme le protecteur de leurs armées et de leur ville. Son culte remontait à l’époque archaïque, bien avant la création de l’empire romain.

        La vénération de Mars s’étendait bien au-delà de la capitale. De nombreux sanctuaires dédiés à Mars se trouvaient dans les colonies romaines à travers tout l’empire. Le plus célèbre d’entre eux était le « Temple de Mars Ultor » situé sur le Forum d’Auguste à Rome, inauguré en 2 av. J.-C. Cet édifice symbolisait non seulement la puissance militaire, mais également l’importance accordée à la vengeance divine contre les ennemis de Rome.

        Les Romains consacraient le mois de mars à Mars. Ce mois marquait le début de la saison des campagnes militaires. Des célébrations et des rites s’organisaient en son honneur afin de garantir la protection et la victoire des légions romaines. La fête de la « Feriae Marti », qui se tenait le premier mars, était un exemple important de ces rituels. Lors de cette fête, les soldats faisaient des offrandes et participaient à des processions pour demander la bénédiction du dieu avant de partir en guerre.

        En dehors de Rome, les peuples conquis adoptaient souvent le culte de Mars pour montrer leur loyauté envers l’empire. Les provinces gauloises, espagnoles et africaines érigeaient des temples en son honneur, renforçant ainsi son influence à travers l’empire. Sa vénération persistait jusqu’à la christianisation de l’Empire romain, au IVe siècle.

        Les attributs de Mars : symboles de pouvoir et de guerre

        Mars, dieu de la guerre, est traditionnellement représenté avec des attributs guerriers. Parmi eux, on trouve l’épée, le bouclier, et surtout le casque. Ce dernier, souvent orné de plumes, symbolise la force et la bravoure sur le champ de bataille. Les légionnaires romains considéraient ces éléments comme des objets sacrés, renforçant leur lien avec Mars.

        Le loup et le pic vert étaient également associés à Mars. Le loup représentait la férocité au combat, tandis que le pic vert symbolisait la fertilité et la protection. Les légendes racontent que Romulus et Rémus, les fondateurs de Rome, auraient été nourris par une louve envoyée par Mars. Cette connexion renforce le rôle du dieu en tant que protecteur de la ville de Rome et de son peuple.

        Le char de Mars, souvent tiré par des chevaux fougueux, représente son rôle actif sur le champ de bataille. Les représentations iconographiques montrent le dieu debout sur son char, prêt à mener ses armées à la victoire. Dans les processions religieuses, les statues de Mars montaient parfois sur un char, illustrant ainsi sa domination et son rôle central dans la guerre.

        En plus de ces attributs physiques, Mars porte souvent une cape rouge, couleur de la guerre et du sang versé sur les champs de bataille. Cette cape symbolise la puissance militaire et l’autorité du dieu sur les hommes. Les artistes romains, dans leurs sculptures et mosaïques, mettaient en avant cette figure imposante et martiale de Mars.


        Découvrir Ogun, dieu de la guerre d’Afrique de l’Ouest.

        Mars : l’incarnation de la guerre stratégique et protectrice

        Mars, dieu de la guerre, incarne l’aspect régulateur et protecteur de la guerre, en opposition à la violence brutale et chaotique que l’on associe souvent aux conflits. Contrairement à Arès, son homologue grec, Mars ne se limite pas à la destruction pure. Il représente également la discipline, la stratégie et l’ordre dans les combats. Pour les Romains, la guerre servait un but noble : la défense de la patrie et l’extension de l’empire. Mars incarnait cet idéal guerrier.

        Mars se positionne comme le protecteur des légions romaines. Avant chaque bataille, les soldats effectuaient des sacrifices et des prières pour obtenir sa bénédiction. On considérait que sa présence sur le champ de bataille garantissait la victoire et minimisait les pertes humaines. Cette croyance donnait aux soldats le courage nécessaire pour affronter leurs ennemis avec détermination et foi en leur mission.

        Le culte de Mars inclut également un aspect lié à la vengeance. On l’invoquait souvent pour venger les pertes subies lors des combats. Le « Temple de Mars Ultor » (Mars le Vengeur) fut érigé par Auguste pour commémorer la victoire contre les assassins de Jules César. Cette facette montre que Mars, au-delà de la protection et de la stratégie, intervient aussi pour rétablir la justice par les armes.

        Mars symbolise également la force collective des citoyens romains. Contrairement à Arès, souvent associé aux conflits internes, Mars incarne l’unité du peuple romain face aux ennemis extérieurs. Chaque citoyen romain, à travers son service militaire, se voyait comme un défenseur de la grandeur de Rome, avec Mars comme guide et protecteur.

        Quelle est la différence entre Mars et Arès, dieu grec de la guerre ?

        Bien que Mars et Arès soient tous deux des dieux de la guerre, leurs rôles et personnalités divergent considérablement. Les Grecs considéraient Arès comme un dieu impulsif, colérique, et souvent méprisé par les autres divinités. Il incarnait la violence aveugle et la cruauté des combats, souvent associé aux guerres civiles et aux conflits inutiles.

        En revanche, Mars possédait un caractère plus noble et patriote. Les Romains voyaient en lui un dieu qui régulait la guerre pour le bien commun, protégeait les citoyens et défendait les frontières. Tandis qu’Arès était craint et peu respecté, Mars jouissait d’une vénération quasi universelle à Rome. On le considérait non seulement comme un dieu de la guerre, mais aussi comme un défenseur de l’ordre et de la civilisation.

        Arès, dans la mythologie grecque, était souvent opposé à Athéna, déesse de la sagesse et de la stratégie militaire. Cette opposition représentait le contraste entre la guerre brutale et la guerre réfléchie. Mars, lui, ne connaissait pas de tel antagonisme. Il représentait à la fois la force brute et la stratégie organisée, symbolisant l’équilibre parfait entre ces deux aspects.

        En outre, Mars se distinguait par ses liens familiaux avec Rome. Les Romains croyaient qu’il était le père de Romulus, le fondateur légendaire de la ville. Cette connexion divine renforçait l’idée que Mars n’était pas simplement un dieu de la guerre, mais aussi un protecteur des Romains en tant que peuple. Arès, de son côté, n’avait pas cette relation directe avec une cité ou une nation particulière.

        Mars au-delà de la guerre : autres domaines d’influence et de vénération

        En dehors de son rôle de dieu de la guerre, Mars, dieu de la guerre, était également associé à la fertilité et à l’agriculture. Cette connexion peut sembler surprenante, mais elle remonte aux origines du culte de Mars, à une époque où les cycles de la nature et ceux de la guerre étaient intimement liés. Le début du printemps, marqué par le mois de mars, représentait non seulement le renouveau de la nature, mais aussi celui des campagnes militaires.

        Les Romains voyaient en Mars un dieu qui garantissait la prospérité des récoltes. Son rôle de protecteur s’étendait donc au-delà des frontières de l’empire pour inclure la sécurité alimentaire du peuple romain. Les agriculteurs, en particulier, offraient des sacrifices à Mars pour assurer des récoltes abondantes et protéger leurs terres des envahisseurs.

        Mars et Vénus, Pompei, 1er siècle ap. J.C.

        Mars jouait également un rôle central dans les rites de fondation de nouvelles colonies et de nouveaux territoires. En tant que père de Romulus, il symbolisait l’autorité et l’ordre dans la création de nouvelles villes et dans la conquête de nouvelles terres. Les fondateurs de colonies romaines invoquaient Mars pour protéger et bénir ces nouveaux établissements, assurant ainsi leur pérennité.

        Enfin, Mars et Vénus, dieux de la guerre et de l’amour dans la mythologie romaine, entretiennent une relation passionnée et contrastée. Leur liaison symbolise l’union des forces opposées : la violence martiale et la séduction amoureuse. Ensemble, ils représentent le lien complexe entre le conflit et la réconciliation, une tension qui trouve son équilibre dans l’harmonie. Leur union mythique a donné naissance à plusieurs enfants, notamment Cupidon, l’incarnation du désir. Cette relation entre Mars et Vénus montre que même les aspects les plus brutaux de la guerre peuvent être adoucis par l’amour.

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        En conclusion, Mars, dieu de la guerre, représentait bien plus qu’un simple dieu de la violence et du conflit. Son rôle dans la société romaine était important, à la fois sur le plan militaire, agricole et civique. Vénéré dans tout l’empire, Mars incarnait l’idéal romain de discipline, de force et de justice. Contrairement à Arès, il ne se limitait pas à la destruction, mais veillait à l’ordre et à la prospérité de la société. En tant que protecteur des soldats et garant des frontières, il jouait un rôle vital dans la vie publique romaine. Sa fonction s’étendait également à l’agriculture et à la fondation des colonies, illustrant l’importance de la guerre pour la préservation et l’expansion de l’empire romain. Mars, dieu de la guerre, reste une figure emblématique de la culture romaine, symbole de puissance et de civilisation.

        Découvrir les autres dieux de la guerre.

        Bibliographie :

        Grand dictionnaire de la mythologie grecque et romaine par Jean-Claude Belfiore.

        La religion des romains par John Scheid
        Un livre de référence qui présente les différents aspects de la religion romaine, y compris le culte de Mars, et comment il était intégré dans la vie quotidienne.

        Histoire pour Tous
        Ce site propose des articles accessibles sur la mythologie et l’histoire romaines, y compris sur Mars et ses attributions.

        Ogun, dieu de la guerre et du fer

        Ogun, dieu de la guerre et du fer, occupe une place importante dans les religions traditionnelles africaines, notamment chez les Yorubas et les Fon. Vénéré dans plusieurs régions d’Afrique de l’Ouest et dans la diaspora, il incarne la force, la puissance guerrière et la technologie liée à la métallurgie. Ses attributs incluent des outils de fer, des armes et des animaux qui symbolisent la force et la détermination. Ogun représente la guerre dans son aspect brutal et destructeur. Il est aussi un dieu de la justice, de la chasse et de la protection. Son culte, ancien et riche, reflète les complexités de la guerre et de la société humaine.


        Ogun tient un rôle clé dans les religions africaines, particulièrement chez les Yorubas et les Fon. Son nom résonne dans les récits des peuples qui le vénèrent pour sa puissance et son rôle essentiel dans la métallurgie et la guerre. Ce dieu n’incarne pas seulement la violence des conflits, mais également la justice, la protection et le progrès technologique.

        Ogun, dieu de la guerre

        Ogun, dieu de la guerre en Afrique de l’Ouest

        Ogun est vénéré en Afrique de l’Ouest, notamment au Nigeria, au Bénin et au Togo. Il représente la force brute et la capacité à dominer l’environnement grâce à la technologie du fer. Les peuples yoruba et fon, grands forgerons et guerriers, le vénèrent depuis l’Antiquité. Ils ont intégré son culte dans leur vie quotidienne et leurs rituels de guerre.

        À l’époque précoloniale, les forgerons dédiaient leur travail à Ogun, le considérant comme l’esprit même de l’acier. Ils lui offraient des sacrifices d’animaux avant d’utiliser leurs outils de fer. En effet, sans son pouvoir, aucune arme ne pouvait être forgée correctement. Ogun gouvernait aussi les guerres, car il fournissait la matière première des armes : le fer.

        Avec l’arrivée de la traite transatlantique, le culte d’Ogun s’est exporté vers les Amériques, notamment à Cuba, au Brésil et à Haïti. Il y a pris différentes formes dans le vaudou haïtien et le candomblé brésilien. En Haïti, Ogun, connu sous le nom d’Ogou, est une figure centrale des luttes pour la liberté des esclaves. Ses fidèles le prient avant toute bataille ou action importante pour obtenir sa protection et sa bénédiction. Aujourd’hui encore, son culte reste fort dans la diaspora africaine. Il y représente la lutte pour la survie, la justice et la transformation.

        Le dieu Ogun, maître du fer et de la forge

        Ogun est le maître du fer et de la forge. Ses attributs principaux incluent tous les outils et armes en métal. Un marteau, une hache, une épée et une lance sont souvent utilisés pour le représenter. La machette incarne sa capacité à ouvrir de nouvelles voies, à défricher et à transformer le monde.

        Des animaux sont associés à Ogun. Le chien et le sanglier incarnent la loyauté, la férocité et la force brute. Le sanglier, par exemple, symbolise la ténacité et la rage qu’Ogun manifeste dans la bataille. Le chien, quant à lui, représente la fidélité et la protection. Ses fidèles recherchent ces qualités dans la guerre et la vie quotidienne.

        Ogun porte également des chaînes et des menottes, symboles de la capture et de la domination dans la guerre, mais aussi de la justice, car il incarne la loi et la punition des criminels. Les fidèles de ce dieu offrent souvent des sacrifices de chiens, de coqs ou d’autres animaux. Il est fréquent de voir des outils en fer déposés en son honneur dans ses sanctuaires.

        Le fer, comme matière première de ses attributs, représente aussi le progrès technologique. En étant lié à la forge, Ogun incarne non seulement la destruction, mais aussi la création. En effet, il permet de façonner des outils qui changent le monde.

        Ogun, dieu brutal et destructeur

        Ogun incarne l’aspect brutal, destructeur et irrésistible de la guerre. Il est le dieu qui charge en avant avec ses armes de fer, brisant les lignes ennemies sans pitié. Les guerriers invoquent Ogun avant de se lancer au combat, espérant recevoir sa bénédiction et sa force invincible. Le fer, à la fois l’outil et l’arme, donne à Ogun le pouvoir de régner sur la guerre.

        Les peuples d’Afrique de l’Ouest, notamment les Yorubas et les Fon, ont longtemps vu la guerre comme une partie essentielle de leur survie. Les conflits entre royaumes, pour des terres ou des ressources, étaient fréquents, et Ogun se tenait au cœur de ces luttes. Chaque bataille nécessitait de bons outils, que seuls les forgerons, bénis par Ogun, pouvaient produire. Le rôle d’Ogun ne se limitait pas à l’artisanat, il symbolisait aussi l’esprit combatif et l’endurance nécessaire pour vaincre.

        Dans la diaspora, notamment en Haïti, Ogun a pris une nouvelle dimension pendant les révolutions contre les colonisateurs. Pendant la guerre d’indépendance haïtienne, les esclaves et les chefs révolutionnaires invoquaient Ogun avant d’entrer dans la bataille, priant pour que son esprit combatif les guide et leur donne la victoire. Ce lien avec la guerre est si puissant que certains perçoivent Ogun comme un patron des révolutions et des luttes pour la liberté.

        Ogun représente aussi l’aspect moral de la guerre. Bien qu’il soit associé à la violence et à la destruction, il punit les traîtres et récompense ceux qui se battent pour des causes justes. Ses guerres ne sont jamais vaines ; elles visent toujours à restaurer l’ordre ou à protéger ceux qui en ont besoin. Ses fidèles croient qu’il impose le respect des règles de la guerre et veille à ce que justice soit rendue à la fin du combat.

        Dieu du fer

        Ogun n’est pas seulement un dieu de la guerre ; il est aussi une divinité de la justice, de la chasse, des routes et de la technologie. En tant que dieu du fer, il règne sur toutes les professions qui nécessitent l’utilisation de ce métal, notamment les forgerons, les chasseurs et les constructeurs. Chaque outil en fer, qu’il soit destiné à la guerre ou à l’agriculture, dépend du pouvoir d’Ogun.

        Protecteur des voyageurs

        Son rôle de protecteur des routes et des chemins est également crucial. Les voyageurs, avant de prendre la route, offrent des sacrifices à Ogun pour s’assurer de sa protection. Le fer, matériau des outils et des armes, symbolise aussi la création des infrastructures nécessaires pour relier les communautés. Dans ce sens, Ogun est un dieu du progrès et de la civilisation. Il symbolise la transformation de la nature brute en un monde ordonné par l’homme.

        Justice

        La justice constitue une autre facette majeure de son identité. En tant que dieu de la guerre, il punit ceux qui enfreignent les règles ou trahissent leurs frères d’armes. Il impose des sanctions sévères, souvent mortelles, mais il récompense aussi les héros et les personnes vertueuses. Ceux qui cherchent à rendre justice à leurs ennemis ou à obtenir vengeance invoquent Ogun, espérant que le dieu interviendra pour rétablir l’équilibre.

        Protecteur des chasseurs

        Dans les régions où son culte est fort, notamment au Nigeria et au Bénin, Ogun protège les chasseurs. Ces derniers dépendent de ses bénédictions pour réussir dans leurs expéditions. La chasse, bien qu’étant une activité pacifique en surface, est également une forme de guerre contre la nature. Ogun, maître des armes et des outils, permet à l’homme de dominer les forces naturelles pour survivre.

        Ogun joue enfin un rôle important dans les cérémonies religieuses. En tant que divinité ancestrale, il reçoit des sacrifices réguliers et supervise les rituels liés à la guerre, la chasse, la justice et les voyages. Ces rituels, souvent accompagnés de danses et de chants, célèbrent sa force et sa capacité à transformer la vie humaine grâce à la technologie et à la violence nécessaire pour maintenir l’ordre.


        Ogun, dieu de la guerre, du fer et de la justice, incarne une force brutale mais nécessaire dans les sociétés qui l’ont vénéré. Depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours, son culte s’est répandu en Afrique de l’Ouest et dans la diaspora africaine. Symbole de la guerre et du progrès technologique, Ogun a façonné l’histoire de ses peuples, à la fois sur le champ de bataille et dans les forges. Ses multiples attributions font de lui un dieu complexe, à la fois destructeur et créateur, garant de l’ordre et du chaos, et surtout, protecteur des routes que ses fidèles empruntent à travers les âges.

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