Pourquoi les Houthis attaquent-ils des navires en mer Rouge ?

Les Houthis, un groupe rebelle du Yémen, poursuivent leurs attaques contre le commerce en mer Rouge. Mais quelles sont leurs motivations ? Deux facteurs clés émergent pour expliquer leurs actions : l’utilisation du ciblage du commerce maritime comme moyen de pression dans le conflit israélo-palestinien et comme outil de légitimation internationale. In fine, leurs actions leur permettent d’attirer de nombreuses recrues.

Un commando Houthi attaquant un navire en mer rouge

Les attaques houthies en mer Rouge, un moyen de pression sur le conflit israélo-palestinien

Les attaques des Houthis sur le commerce en Mer Rouge sont un moyen de pression indirect sur le conflit israélo-palestinien. En ciblant les voies maritimes essentielles pour le transport de marchandises, les Houthis cherchent à démontrer leur capacité à perturber les intérêts économiques et commerciaux d’Israël et de ceux qu’ils considèrent comme ses alliés.

En exerçant cette pression économique, ils espèrent influencer les politiques et les décisions des acteurs clés dans le conflit israélo-palestinien, tout en renforçant leur propre position au sein du paysage politique régional.

Un moyen de légitimation internationale

Les attaques contre le commerce en Mer Rouge servent également de moyen de légitimation internationale pour les Houthis.

les champions de l’Axe de la Résistance

En s’attaquant aux intérêts économiques des puissances régionales et internationales, les Houthis cherchent à se positionner comme les champions de « l’axe de la résistance » contre l’ingérence étrangère et l’expansionnisme. Ils espèrent ainsi renforcer leur image en tant que défenseurs des droits des Palestiniens et des opprimés de la région.

Leurs actions en mer Rouge permettent aux Houthis d’attirer les volontaires et de recruter massivement. L’équilibre du conflit en cours s’en trouvera modifié.

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Une légitimité accrue après les frappes américaines

Attaques Houthis Mer rouge

Les frappes américaines contre les positions des Houthis au Yémen ont de surcroît renforcé leur légitimité aux yeux de certains acteurs régionaux et internationaux. En répondant militairement aux attaques des États-Unis, les Houthis peuvent en effet être perçus comme un mouvement capable de résister à l’impérialisme occidental. Cette résistance face à l’intervention étrangère peut renforcer leur soutien parmi les populations locales et régionales. Elle accroît également leur crédibilité sur la scène internationale.

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Les attaques des Houthis sur le commerce en Mer Rouge sont donc le résultat d’une combinaison de motivations politiques, stratégiques et géopolitiques. Elles continuent de perturber les routes maritimes essentielles pour l’Europe et de menacer la stabilité régionale. Elles pourraient être demain à l’origine de bouleversements géopolitiques majeurs.

Nous sommes preneurs de toutes les bonnes idées. Rajoutez vos idées et vos arguments dans la section commentaires ! La stratégie Houthie n’est-elle pas risquée ? Quelles pourraient être ses conséquences à long terme ?

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Se dirige-t-on vers une guerre contre la Russie ?

Le Président français Emmanuel Macron a annoncé le lundi 26 février qu’un engagement de troupes occidentales en Ukraine n’était plus exclu. Alors, se dirige-t-on vers une guerre contre la Russie ? Comment en est-on arrivés là ?

Des propos rassurants sont immédiatement venus nuancer la déclaration française. Les alliés ne comptent pas s’engager, le déploiement ne concernerait que des unités de déminage. Mais le signal est trop fort pour être ignoré. Allons plus loin.

Une guerre entre la France et l'Ukraine ?

Un affrontement en cours entre la France et la Russie dans le milieu informationnel

Dressons le cadre. La France et la Russie s’affrontent déjà, mais de manière indirecte en Ukraine ainsi que dans les champs immatériels.

Au Sahel, la Russie utilise le sentiment antifrançais pour avancer ses pions. En 2022, elle a tenté de discréditer l’action de la France au Mali en installant un charnier près de Gossi. Les forces françaises avaient éventé le subterfuge en diffusant les images de l’enterrement des corps. Le charnier était bien réel, mais du fait de Wagner.

Plus récemment, Moscou s’est livré à plusieurs attaques informationnelles contre la France. La Russie a mis en place plusieurs campagnes de désinformation, en répliquant des unes de sites internet de grands médias français afin d’y insérer sa propagande (opération Doppelgänger). Elle a également créé des portails spécifiquement dédiés à la diffusion de son récit (opération Portal Kombat).

De son côté, la France livre des armes et des munitions en Ukraine. Le canon Caesar a déjà joué un rôle important sur le champ de bataille, de même que les systèmes sol-air livrés par la France. Mais surtout, Paris a fourni à Kiev un grand nombre de missiles de croisière SCALP à très haute valeur ajoutée.

Les armes françaises font donc déjà couler le sang russe. Cependant, ces livraisons, de même que la formation des soldats ukrainiens dans l’hexagone, ne suffisent pas pour faire de la France un co-belligérant sur le plan juridique.


Pour aller plus loin sur la Russie : Dans la tête de Vladimir Poutine.

Une dynamique du conflit aujourd’hui favorable à la Russie

Pourquoi dès lors faire monter les enchères et évoquer un envoi de troupes occidentales en Ukraine ? Il faut en rechercher la cause dans la dynamique actuelle du conflit et dans la crainte d’une défaite ukrainienne.

Aujourd’hui, la dynamique du conflit est favorable à la Russie. Les Européens craignent un effondrement ukrainien. S’il est improbable à court terme, il ne peut être exclu. La Russie s’est remise de ses pertes et est repassée à l’offensive. Elle s’est emparée à la fin du mois de février de la ville d’Avdiivka, après des mois de combats acharnés.

L’aide matérielle occidentale est donc tout à fait nécessaire, mais non suffisante pour assurer la victoire de l’Ukraine. Or, elle atteint ses limites, en raison de l’inadaptation du complexe militaro-industriel occidental à la guerre de masse. Celui-ci est en effet conçu pour armer des forces professionnelles d’équipements de haute technologie, en petit nombre et donc très chers.

Dans ces conditions, la déclaration de M. Macron constitue un signal envoyé à M. Poutine. Le président français n’annonce pas l’envoi de troupes ; il évoque le sujet. Cette petite phrase ne passera cependant pas inaperçue à Moscou. Il s’agit pour la France de peser sur les calculs russes en montrant qu’elle est toujours déterminée à soutenir l’Ukraine. Paris souhaite également poser davantage de dilemmes à la Russie. Renouer, pour ainsi dire, avec l’ambiguïté stratégique.


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Conséquences d’une défaite ukrainienne

Mais pourquoi s’acharner à ce point en Ukraine ? Quelles seraient les conséquences d’une défaite ukrainienne ? Toute la question est bien là. En réalité, au cœur des réactions occidentales à la dynamique du conflit se trouve la crainte d’une paix trop favorable à la Russie. Elle modifierait considérablement l’architecture de sécurité et les rapports de force en Europe, voire dans le monde.

Il résulterait d’une paix trop favorable à la Russie une modification considérable des rapports de force en Europe, et probablement dans le monde. Les démocraties occidentales en sortiraient durablement décrédibilisées, tant elles ont fait de ce conflit une lutte existentielle. Le récit russe d’un Occident décadent et faible serait conforté.

L’architecture de sécurité européenne n’y survivrait pas. La Russie aurait démontré que l’Occident n’est plus capable de s’opposer à l’emploi illégal de la force militaire. Moscou aurait alors beau jeu de tirer avantage de sa supériorité militaire pour imposer ses vues à des Européens désunis et militairement faibles. Le désarmement européen a par ailleurs très probablement compté dans les calculs russes en février 2022. Les doutes qui planent sur la fiabilité américaine au sein de l’OTAN viendraient parachever la nouvelle vulnérabilité militaire de l’Europe. Moscou pourrait rouvrir des contentieux sur le vieux continent, par exemple dans les pays baltes au sujet du corridor de Suwalki.

Cependant, à quoi ressemblerait une défaite russe ? Que penser d’une paix dans laquelle l’Ukraine renoncerait au Donbass et à la Crimée, dont le retour dans le giron de Kiev paraît de plus improbable ? Ce n’est ni à la France, ni même aux États-Unis de le dire. C’est à l’Ukraine, et à la Russie. C’est tout le paradoxe de la position des Européens. Ils s’engagent toujours plus avant dans leur soutien à Kiev, en s’en remettant aux buts de guerre ukrainiens. A lier son sort au combat d’un autre, on lui donne la clef de son destin.


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Une guerre contre la Russie ?

In fine, les modèles d’armées européens ne sont plus adaptés à la guerre de masse. À l’heure où l’allié américain doute, les Européens sont trop faibles pour que l’Ukraine perde la guerre. Nul doute que le 24 février 2022 a ouvert la page d’un monde nouveau, cauchemardesque pour ceux qui pensaient la guerre révolue et qui souhaitent encore toucher les « dividendes de la paix ».

Les Européens voient ressurgir le spectre de Munich. En 1938 ils avaient cru sauver la paix alors qu’ils venaient de finir de convaincre Hitler de leur lâcheté. La déclaration du président français s’inscrit dans ce contexte intellectuel.

En renversant la perspective, la question n’est peut-être pas de savoir si les Européens parviendront à éviter la guerre, mais s’il n’est pas déjà trop tard pour le faire.


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Qui sont les Houthis ?

Le Yémen a été le théâtre de conflits complexes et de bouleversements politiques. Au cœur de ce tumulte se trouvent les Houthis, un groupe rebelle qui a émergé comme un acteur majeur de la scène politique yéménite.

Houthis protestant contre des raids aériens

Aujourd’hui, les Houthis contrôlent une grande partie du territoire yéménite, dont le port majeur d’Hodeïda. Leur puissance économique et militaire leur permet de tenir en respect le gouvernement internationalement reconnu.

Qui sont les Houthis ?

Les Houthis sont un mouvement politique et religieux originaire du nord du Yémen, dans la région de Saada. Fondé à la fin des années 1990 par Hussein Badreddin al-Houthi, le mouvement tire son nom de la famille Houthi. Elle possède toujours un rôle central dans les décisions du mouvement. Initialement, les Houthis étaient un mouvement zaydite, une branche du chiisme. Ils se sont par la suite transformés en une force politique et militaire capable de rivaliser avec le gouvernement.

Leur montée en puissance a été alimentée par un mélange de griefs politiques, économiques et religieux. En effet, les Houthis se sont opposés à la marginalisation politique et économique des régions du nord du Yémen. Ils ont critiqué le gouvernement central pour sa corruption et son alignement avec des puissances étrangères, notamment l’Arabie saoudite et les États-Unis.

Idéologie des Houthis

Leur idéologie est imprégnée d’un fort sentiment anti-impérialiste et anti-américain, ainsi que d’un fervent nationalisme yéménite. Les Houthis ont également adopté un discours religieux, se présentant comme les défenseurs des intérêts des zaydites et des opprimés contre les forces extérieures et les élites corrompues.

Les Houthis appartiennent à la branche zaydite du chiisme, une des principales écoles de pensée de l’islam chiite. Le zaydisme est répandu principalement au Yémen, où il constitue la majorité de la population dans les régions du nord.

Cette branche du chiisme se distingue par son interprétation de la succession du prophète Mahomet et par son accent mis sur la justice sociale et politique. Les zaydites considèrent en effet que c’est à un imam descendant directement du prophète Mahomet que revient de diriger la communauté musulmane. Il doit être choisi en fonction de son mérite et de sa piété, plutôt que par une lignée dynastique.

Bien que les Houthis soient fortement ancrés dans la tradition zaydite, leur discours et leurs actions dépassent largement les questions religieuses pour englober des préoccupations politiques et sociales plus larges.

Abd el Malek Al Houthi, le leader charismatique des Houthis, incarne cette fusion entre la religiosité et l’engagement politique. Ses partisans le vénèrent comme un chef religieux et un guide politique. Il unit les deux dimensions de l’autorité dans la tradition zaydite. Ses discours sont empreints de références religieuses et de versets coraniques. Ils renforcent ainsi son statut de leader spirituel tout en articulant une vision politique pour le Yémen.

Les Houthis en position de force au Yémen

Le Yémen est en proie à la guerre civile depuis 2014. Les Houthis ont pris le contrôle de la capitale, Sanaa, en 2014. Ils ont renversé le gouvernement soutenu par l’Arabie saoudite et forçant le président yéménite, Abdrabbuh Mansur Hadi, à s’exiler. Depuis lors, le Yémen est plongé dans un conflit violent et dévastateur, exacerbé par l’intervention militaire de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis en soutien au gouvernement de Hadi.

Les Houthis ont réussi à résister aux offensives de la coalition arabe et à consolider leur emprise sur de vastes portions du territoire yéménite, y compris Sanaa et d’autres régions clés. Leur résistance opiniâtre et leur capacité à mobiliser un large soutien populaire leur ont permis de rester un acteur politique incontournable malgré les pressions internationales et les tentatives de la coalition de les évincer du pouvoir.

Zone contrôlée par les Houthis au Yémen
Zone contrôlée par les Houthis au Yémen (2022)

Aujourd’hui, ils disposent d’une puissance militaire considérable. Les Houthis ne sont pas une rébellion en haillons. Au contraire, ils ont récupéré les ressources, armements et savoir-faire de l’armée régulière dans les zones qu’ils contrôlent. Une partie des militaires qui servaient le régime sont passés aux Houthis au gré des conquêtes territoriales. Ils ont tout simplement besoin de nourrir leur famille. Aujourd’hui, les Houthis sont capables de produire et de mettre en œuvre des armements sophistiqués. Ils bénéficient de surcroît du soutien de l’Iran. Le port de Hodeïda leur fournit également des revenus importants. Ils peuvent ainsi soutenir leur effort de guerre.

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Les Houthis continuent de jouer un rôle central dans la politique yéménite, défiant les attentes et les prévisions de nombreux observateurs internationaux. Leur ascension fulgurante et leur résilience face aux pressions extérieures témoignent de la complexité et de la profondeur des dynamiques politiques et sociales qui façonnent le paysage yéménite contemporain.


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