L’Iran est-il une démocratie ?

L’Iran est-il une démocratie ?

Depuis la Révolution islamique de 1979, l’Iran a adopté un système politique mêlant des éléments démocratiques et théocratiques. Cette dualité pose la question de la véritable nature du régime iranien. L’Iran est-il une démocratie ?

Démocratie formelle, le système politique iranien est en réalité soumis à la domination d’institutions non élues.


Marjane Satrapi, Persepolis

Une manière de découvrir l’Iran à la fois ludique et sérieuse : Marjane Satrapi, Persepolis.

Des institutions élues

Le parlement iranien, appelé Majlis, est l’une des institutions démocratiques clés du pays. Il est composé de membres élus par le peuple tous les quatre ans lors d’élections législatives. Le Majlis propose et adopte les lois, et supervise les actions du gouvernement.

Cependant, le parlement n’a pas de compétence directe sur les questions de politique étrangère ou de défense. Ces domaines relèvent de la sphère d’influence du Guide suprême et des organes liés à la sécurité nationale.

En effet, les pouvoirs du Majlis sont limités par le Guide suprême et le Conseil des Gardiens. Ces organes ont le pouvoir de rejeter des lois qu’ils jugent contraires à la Constitution islamique ou aux principes de la République islamique. De plus, le Guide suprême détient une autorité finale sur les affaires de l’État. Cela limite de fait l’indépendance et l’efficacité du parlement dans certaines décisions politiques.

Le président de la République islamique d’Iran est lui aussi élu au suffrage universel tous les quatre ans. Bien qu’il soit soumis à certaines limitations par le Guide suprême et le Conseil des Gardiens, le président détient des pouvoirs exécutifs significatifs, notamment en matière de politique intérieure.


Pierre Razoux, la guerre Iran Irak

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L’Iran est-il une démocratie ? La domination des institutions non élues

Le pouvoir réel en Iran réside néanmoins dans les institutions non élues, principalement le Guide suprême. Le Guide, actuellement Ali Khamenei, est le plus haut dirigeant politique et religieux du pays. Il est responsable de la supervision de tous les aspects de la politique iranienne, y compris et surtout les forces armées et le système judiciaire.

Le concept de Velayat-e Faqih, ou le « gouvernement du juriste religieux », encadre la politique iranienne. C’est le Guide qui définit le cadre dans lequel agit la république Islamiste. Les institutions élues agissent donc sous la supervision du bureau du guide. Cette notion donne au Guide une autorité supérieure, justifiée par sa connaissance et son interprétation de la loi islamique. Voici l’article 57 de la constitution iranienne :

« Les pouvoirs de souveraineté dans la République islamique d’Iran sont le pouvoir législatif, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, qui agissent sous le contrôle de la régence exécutive absolue et du Guide divin de la communauté des croyants. »

Cette concentration de pouvoir entre les mains d’une seule personne remet en question le caractère démocratique du régime.

Le Conseil des Gardiens, autre institution non élue, limite lui aussi la démocratie iranienne. Il est composé de membres nommés par le Guide et le chef du pouvoir judiciaire. Le conseil a pour tâche de vérifier la conformité des lois avec les principes de l’islam et la Constitution. Il possède entre autres fonctions de filtrer les candidats aux élections. Il limite ainsi le choix des électeurs aux candidats approuvés par le pouvoir.


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Les droits de l’homme en question

Des droits de l’homme bafoués

L’Iran fait face à de nombreuses critiques internationales sur la situation des droits de l’homme. Le Guide restreint les libertés d’expression, de réunion et de religion. Les arrestations arbitraires, la torture et les exécutions sont régulières. Les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes indépendants et les opposants politiques font l’objet de persécutions, avec des cas de détentions prolongées sans procès équitable.

L’arbitraire du pouvoir et sa brutalité ont été à l’origine des émeutes qui ont secoué le pays en 2022. La mort d’une jeune kurde de 22 ans, Mahsa Amini, assassinée par la police des mœurs après son arrestation, avait provoqué des émeutes dans tout le pays. Ces violences étaient alimentées par les frustrations accumulées en raison de la situation économique difficile, de la mauvaise gouvernance et des violations des droits de l’homme.

Des minorités politiquement représentées, mais discriminées

Bien que les minorités religieuses et ethniques en Iran possèdent une certaine représentation politique, notamment au parlement, elles font toujours face à des discriminations systémiques. Les minorités telles que les Kurdes, les Arabes, les Baloutches et les Azéris se plaignent régulièrement de marginalisation politique, économique et culturelle. Les lois discriminatoires et les politiques restrictives limitent souvent leur accès aux opportunités d’emploi, à l’éducation et aux services publics. En dépit de leur présence au sein des institutions politiques, ces minorités continuent de lutter pour une reconnaissance égale et une véritable représentation dans tous les aspects de la vie sociale et politique de l’Iran.


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L’Iran est-il une démocratie ? Bien que l’Iran possède certaines institutions démocratiques élues, les institutions non élues dominent largement le système politique du pays. Le Guide suprême détient la réalité du pouvoir. La démocratie iranienne ne peut se déployer que dans un cadre restreint déterminé par le Guide. Il s’agit d’une combinaison de démocratie formelle, de théocratie et d’autoritarisme bien réel.

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