Comprendre la dimension morale du combat chez Ardant du Picq en moins de cinq minutes

Dans ses Études sur le combat (1880, posthume), le colonel Charles Ardant du Picq (1821 - 1870) se propose de partir du soldat et du combat réels, et non de conceptions théoriques pour déterminer ce qu’il est possible de faire à la guerre. En effet, les choses qui se conçoivent en esprit ou se réalisent sur le champ de manœuvre ne sont pas forcément réalisables au combat, à cause de « instrument premier de la guerre » : l'homme.

Dans ses Études sur le combat (1880, posthume), le colonel Charles Ardant du Picq (1821 – 1870) se propose de partir du soldat et du combat tels qu’ils sont en réalité, et non de conceptions théoriques, afin de déterminer ce qu’il est possible de faire à la guerre.

En effet, les choses qui se conçoivent en esprit ou se mettent en œuvre sur le champ de manœuvre ne sont pas forcément réalisables au combat, à cause de cet « instrument premier de la guerre » qu’est l’homme, et de l’émotion souveraine à la guerre, la peur.

Il analyse les guerres antiques, et notamment les formations tactiques des Romains, avant de décortiquer le combat du XIXe siècle.

Le moral est la dimension clef du combat

Pour Ardant du Picq, le moral est la dimension clef du combat. Dès lors, toutes les prétentions à aborder la guerre de façon mathématiques sont vaines.

Il remarque qu’au combat, le feu n’est pas efficace. Les études de l’époque montraient qu’il fallait environ 3000 cartouches pour blesser un adversaire, en raison des conditions du combat comme la fumée provoquée par les armes, et surtout de la peur. On tirait alors vite et sans viser, afin de construire l’illusion de la sécurité et oublier le danger. A bien des égards, cela n’a pas changé. Il note que le feu des tirailleurs, moins exposés au danger parce que dispersés, est beaucoup plus efficace que celui des bataillons.

Le feu, physique, a moins d’effet sur l’ennemi que le mouvement, qui apporte la perspective morale du choc qui fait lâcher le plus fébrile. Ardant du Picq analyse des combats de cavalerie et d’infanterie pour montrer que le choc, le corps à corps, ne se produit pour ainsi dire pas. Il démontre que l’unité dont le moral est le plus faible, souvent l’unité qui doit soutenir le choc, tournera les talons à la seule perspective du contact physique avec l’ennemi.


La discipline selon Ardant du Picq

Dans ces conditions, comment maintenir les hommes au combat ? Seule la discipline le permet. Dans Études sur le combat, elle peut s’apparenter à de la surveillance mutuelle entre soldats, ou à ce que l’on pourrait appeler la pression sociale de l’unité. Notons que l’auteur considère que les châtiments permis à l’époque n’étaient plus assez efficaces pour faire tenir la troupe en ligne et qu’il fallait un autre levier.

La discipline ne doit en effet pas être comprise comme le fait d’obéir aux ordres sans broncher, mais bien comme ce qui rend capable de rester avec et pour ses camarades dans une situation que l’instinct commande de fuir.

Finalement, les organisations militaires et les systèmes de commandement sont d’abord et avant tout des mécanismes de gestion de la peur.

« Le combattant est de chair et d’os, il est corps et âme, et, si forte que soit l’âme, elle ne peut dompter le corps à ce point qu’il n’y ait révolte de la chair et trouble de l’esprit en face de la destruction ».

Colonel Charles Ardant du Picq, Études sur le combat, PARIS, HACHETTE, 1880

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