L’anneau de Gygès : nul ne fait le bien volontairement

Au livre II de La République de Platon, Glaucon, frère de Platon, utilise le mythe de l’anneau de Gygès pour démontrer que nul ne fait le bien volontairement.

L'anneau de Gygès : nul ne fait le bien volontairement. Platon.

Le Mythe de l’anneau de Gygès

L’histoire raconte celle de Gygès, un berger au service du roi de Lydie. Après un tremblement de terre, Gygès découvre une caverne contenant le cadavre d’un géant portant un anneau d’or. Gygès décide de s’emparer du bijou. Il découvre qu’il lui confère le pouvoir d’invisibilité lorsqu’il tourne le chaton vers l’intérieur de sa main.

Fort de cette nouvelle capacité, Gygès commet diverses actions immorales sans craindre d’être découvert. Il séduit la reine, assassine le roi, et s’empare du trône. L’anneau lui permet d’agir en toute impunité, révélant ainsi ses véritables désirs et ambitions. Le mythe de Gygès pose une question fondamentale : si l’homme pouvait agir sans crainte de répercussions, choisirait-il de faire le bien ou succomberait-il à ses pulsions égoïstes ?

L’anneau de Gygès, révélateur de la nature humaine ?

Le mythe de l’anneau de Gygès soulève des questions essentielles sur la nature humaine et la justice. Glaucon propose ce mythe pour défier Socrate et explorer l’idée que les êtres humains ne font pas le bien volontairement, mais par contrainte sociale. Selon Glaucon, la justice est une convention sociale. Les gens agissent de manière juste non par vertu, mais par peur des conséquences de leurs actes injustes.

La Nature Humaine et l’Injustice

Le mythe illustre que, lorsque les contraintes externes (comme les lois et les normes sociales) sont supprimées, les véritables motivations des individus émergent. Gygès, un simple berger, devient un tyran dès qu’il se rend invisible. Sans la surveillance de ses semblables surveillance, l’homme céderait à ses désirs égoïstes et injustes. Cette vision pessimiste de la nature humaine suggère que l’injustice est la tendance naturelle des individus, réprimée uniquement par la crainte de la punition.

La Justice comme Convention

Glaucon utilise le mythe pour argumenter que la justice n’est pas intrinsèquement valorisée. Si l’on pouvait être injuste sans conséquence, comme Gygès, la plupart des gens choisiraient l’injustice. Cela signifie que l’homme crée les lois et les règles pour protéger les individus des méfaits d’autrui, plutôt qu’une aspiration à une moralité supérieure.

La Réponse de Socrate

Socrate, cependant, ne partage pas cette vision cynique de la justice. Il soutient que la justice est intrinsèquement liée au bien-être de l’âme. Pour Socrate, commettre l’injustice, même sans être découvert, corrompt l’âme et empêche l’individu d’atteindre l’eudaimonia, ou la véritable satisfaction. Le philosophe affirme que la justice, loin d’être une simple convention, est en effet essentielle à l’harmonie intérieure et au bonheur authentique.


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En conclusion le mythe de l’anneau de Gygès signifie que personne ne fait le bien s’il n’est soumis à au jugement de ses semblables. Glaucon l’utilise pour démontrer que sans les contraintes sociales, l’homme révélerait ses tendances naturellement injustes. Toutefois, Socrate oppose à cette vision une justice indispensable à l’intégrité de l’âme et au bonheur véritable.


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Une réflexion sur « L’anneau de Gygès : nul ne fait le bien volontairement »

  1. Cet article explique bien le mythe de Gygès et la discussion entre Glaucon et Socrate. Jaime beaucoup la réflexion sur la nature humaine et la justice comme convention. La question est passionnante et bien posée !

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