Le blocage de l’ONU

L’incapacité des Nations Unies à s’opposer aux drames syrien et ukrainien pose la question du blocage dont souffre l’organisation, même si elle demeure le centre de gravité de la communauté internationale.

Blocage ONU
Les armes et la toge

Pourquoi l’ONU paraît-elle ne pas fonctionner comme elle le devrait ?

Le blocage de l’ONU est réel. Qui plus est, il est structurel. Cela entraîne des stratégies de contournement qui peuvent se révéler dévastatrices.

L’ONU en mort cérébrale ?

L’ONU s’avère véritablement incapable d’accomplir une partie de ses missions.

Les mécanismes de police internationale fonctionnent mal. L’organisation ne peut pas à empêcher les conflits quand les intérêts des membres permanents du conseil de sécurité sont en jeu. Elle n’a pu faire échec à l’invasion de l’Irak par les États-Unis, ou à celle de l’Ukraine par la Russie. Elle ne semble pas non plus capable d’infléchir la politique d’Israël en Palestine malgré de nombreuses condamnations. L’organisation paraît donc parfois réduite au rôle de super agence humanitaire.

Même lorsqu’elle parvient à intervenir, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Le modèle de ses opérations de maintien de la paix est remis en question. La MONUSCO, en République démocratique du Congo, dure depuis douze ans et a coûté plus de 10 milliards de dollars. Au Mali, la MINUSMA se débat, empêtrée dans des règles d’engagement qui lui interdisent toute efficacité. La MINUSCA en République centrafricaine fait l’objet de nombreuses critiques. Pourtant, l’ONU déploie en permanence 75 000 Casques bleus et policiers dans 22 missions. Mais la volonté politique reste déficiente, les mandats manquent de clarté et la crédibilité fait défaut. Enfin, les abus sexuels commis par les collaborateurs de l’ONU font figure de problème récurrent.

Outre le maintien de la paix, l’action de l’ONU dans la lutte contre le changement climatique peine à changer le monde. Les engagements pris dans les COP, qui dépendent de l’organisation, apparaissent tout à fait insuffisants et ne sont pas respectés. L’enjeu est pourtant vital pour de nombreux pays.

L’échec de l’ONU dans un certain nombre de dossiers est patent. On peut qualifier ces difficultés de structurelles.


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ONU : un blocage structurel ?

Le blocage de l’ONU est dû à des raisons structurelles.

En raison du droit de veto que possèdent ses membres permanents, le conseil de sécurité ne peut pas fonctionner si les intérêts des Cinq entrent en contradiction. Or, c’est le seul organe des Nations Unies qui possède le pouvoir de voter des résolutions contraignantes. La guerre en Ukraine en est l’exemple le plus évident. En effet, les opérations militaires majeures de l’ONU, comme la guerre de Corée ou celle du Golfe, ont été permises par une absence transitoire de contre-pouvoir sur la scène internationale ou au sein du conseil.

Le droit de veto est pourtant vital pour l’organisation. Il constitue la condition demandée par les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale pour que l’ONU puisse disposer de pouvoirs contraignants et de troupes. Sans droit de veto, la présence des grandes puissances au sein de l’organisation pourrait se voir remise en cause. Ce droit reste pour elles la garantie de voir leurs intérêts respectés, et donc l’assurance de leur participation pérenne.

Le blocage du conseil de sécurité bloque toute l’organisation. Les résolutions de l’assemblée générale ne sont en effet pas contraignantes. Elle ne peut compter que sur la crainte d’une perte de crédibilité chez les États qui ne respecteraient pas ses jugements. L’organisation ne peut pas prétendre au rôle de gendarme du monde si les Cinq sont en désaccord.

Le blocage que connaît l’ONU aujourd’hui est donc structurel. Les membres de la communauté internationale mettent par conséquent en œuvre un certain nombre de stratégies de contournement.

Stratégies de contournement du blocage de l’ONU

Pour agir, certains États cherchent à contourner l’organisation.

Ils mettent parfois sur pieds des organisations concurrentes, qu’ils présentent comme « complémentaires ». Il en va ainsi du Forum de Paris pour la paix, qui reprend un certain nombre des attributs de l’ONU. Autres exemples, le G7 et le G20, organisations à l’origine purement économiques, ont pu servir de plate-forme politique à la disposition de leurs créateurs. Ils s’autorisent aujourd’hui à traiter d’enjeux sociétaux ou écologiques.

Les grandes puissances essaient également de contourner les règles de l’ONU en inventant leurs propres normes. Les États occidentaux ont ainsi développé entre 1991 et 2011 le « droit d’ingérence », mis en œuvre en 1999 dans la guerre au Kosovo. Il est ensuite rentré dans les textes de l’ONU en 2005 sous la terminologie de « responsabilité de protéger ». Cette notion précise en substance que chaque État doit protéger sa population, sans quoi la communauté internationale recevra la légitimité pour s’en charger. L’intervention prendra si nécessaire la forme d’une opération armée sous chapitre VII.

En dernier recours, les grandes puissances agissent de façon unilatérale. L’invasion américaine de l’Irak ne possédait aucun fondement légal. De même, l’attaque russe contre l’Ukraine est complètement hors la loi. Les puissances peuvent également se servir de la légitimité offerte par l’ONU pour poursuivre leurs propres objectifs. Ainsi, Français et Britanniques ont outrepassé les droits que leur octroyait la résolution de l’ONU qui encadrait leur intervention en Libye.

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L’ONU se trouve donc confrontée à un blocage structurel. Il provient des principes mêmes du fonctionnement de l’organisation. Pour s’en prémunir, les grandes puissances mettent en place des stratégies de contournement. Il en résulte une importante perte de crédibilité.

La réflexion sur la nécessaire réforme de l’ONU prend une partie de ses racines dans cette paralysie.

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