Le pouvoir chez Tolkien

Le pouvoir est au cœur de l’œuvre de Tolkien. La corruption qui gagne ceux qui cherchent à l’exercer constitue l’un des thèmes du « Seigneur des anneaux ».

Le pouvoir chez Tolkien - l'anneau de pouvoir.

L’anneau Unique, symbole du pouvoir

L’anneau Unique est dans l’œuvre de Tolkien le symbole du pouvoir.

À un être faible et isolé comme Gollum, il accorde un pouvoir de vie et de mort sur les individus. Ne pouvant être aperçu, Sméagol n’encourt pas de représailles pour ses actes, du moment que la victime est isolée. En revanche, face à une communauté, cet individu sans envergure ne peut imposer sa volonté. Sméagol est chassé de son village après avoir trouvé l’anneau et l’avoir utilisé pour son bénéfice personnel.

À un autre déjà doté des attributs du pouvoir (politique, magie), il permet d’asseoir encore plus son assise sur le réel. Gandalf, Saroumane, Boromir, Galadriel s’imaginent faire de grandes choses grâce à lui. La magnificence du royaume sylvestre doit par exemple beaucoup à l’anneau de pouvoir que possède Galadriel.

Chez Tolkien aussi, le pouvoir corrompt

Mais le pouvoir de l’anneau corrompt plus ou moins rapidement son porteur. Les personnages avides de pouvoir sont les plus sensibles au mal de l’anneau.

Ainsi, Boromir cède très vite à la puissance de l’Unique, sans même l’avoir porté. Galadriel doit entamer une lutte contre elle-même pour résister à la tentation. Même Gandalf n’ose pas le prendre.

À l’inverse, les personnages pour qui le pouvoir importe peu lui résistent mieux. Faramir n’est même pas tenté par l’anneau. Sam accepte de le rendre à Frodon sans grande difficulté. Ce dernier manifeste enfin une grande endurance face à l’Unique. Il faut dire que les hobbits sont une race particulièrement résistante à l’anneau, tant la notion même de recherche du pouvoir leur semble étrangère.

D’une manière générale, les personnages qui ne cherchent pas à obtenir le pouvoir sont ceux qui l’exercent avec le plus de sagesse. On pense bien sûr à Aragorn, presque contraint de reprendre le trône qui lui revient, par opposition à Saroumane, qui bascule dans le camp de Sauron en cherchant à acquérir un pouvoir plus grand pour le vaincre.


Lire aussi À quoi sert la culture ? La culture dans Fahrenheit 451

Pouvoir, changement, sagesse selon Tolkien

Pas de quête du pouvoir chez les Hobbits. En effet, ces derniers vivent dans la Comté, un pays ou personne ne détient vraiment le pouvoir. Le Maire a pour tâche principale de présider les fêtes qui jalonnent le calendrier Hobbit. Les Shiriffs, sorte de garde-frontières hobbits, ce qui se rapproche le plus d’un policier, passent bien plus leur temps à arpenter les tavernes qu’à tenter d’exercer un quelconque pouvoir sur les autres.²

La vie de la Comté est réglée par la tradition et les habitudes immuables. Ce monde permanent, sans notion de lutte pour le pouvoir, paraît un paradis dans une Terre du milieu rongée par l’Ombre.

La Comté, terre sans pouvoir chez Tolkien
La Comté, terre sans pouvoir.

La quête du pouvoir est en effet associée au changement, déstabilisant, connoté très négativement dans l’œuvre. Saroumane recourt au feu et aux machines. On sait que Tolkien, comme les Hobbits, appréciait peu ces choses-là. Lorsque Sharku (Saroumane) se rétablit en Comté après le sac d’Isengard, il y introduit en même temps les machines et la domination des uns sur les autres. Le paysage change, avec le déboisement et la construction d’ateliers. La quête du pouvoir amène le changement, le changement déstabilise les sociétés et rompt l’harmonie fragile qui s’était installée.

Et l’argent dans tout ça ?

La domination économique n’est pas l’objet du Seigneur des anneaux. On pourrait dire que les hiérarchies apparaissent naturelles et indolores, si elles ne sont pas dénaturées par la soif d’un pouvoir plus grand.

Les Saquet sont une famille riche. Sam ne questionne jamais son rang de serviteur de Frodon, qui le traite avec bienveillance. Les écarts de richesse dans la Comté ne diminuent pas le bonheur collectif de ses habitants (sauf des Saquets de Besace, bien sûr).

La misère sociale ou la répression politique ne sont juste pas le sujet de l’œuvre, qui se place à un niveau plus philosophique. Finalement, ce n’est pas tant le pouvoir qui corrompt, que la volonté d’en obtenir toujours plus.

*

Le pouvoir corrompt, c’est un lieu commun. Chez Tolkien, cette corruption s’incarne dans les effets de l’anneau unique, et dans la notion de changement. Sagesse et harmonie riment avec permanence et tradition.

Pour aller plus loin, vous pouvez acheter Le seigneur des anneaux en cliquant sur ce lien (lien rémunéré par Amazon). Vous ne payez pas plus cher et nous gagnons une petite commission.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *